Aquarelles japonaises : techniques et conseils !

Les aquarelles les plus utilisées dans notre partie du globe sont les aquarelles occidentales. Elles sont constituées de pigments, d’additif et d’un liant (la gomme arabique). Le liant de l’aquarelle japonaise est différent. C’est cette différence qui constitue ses caractéristiques d’utilisation. Elle se travaille différemment et vous n’obtiendrez pas tout à fait le même résultat qu’avec une aquarelle occidentale.

Vous verrez ici les différences entre les aquarelles occidentales et les aquarelles japonaises. Découvrez également comment et pourquoi les utiliser.


 

L’aquarelle occidentale

 

Pour parler de l’aquarelle japonaise, commençons par parler de l’aquarelle occidentale. Afin de voir les différences entre ces 2 peintures.

 

Sa composition

L’aquarelle, de la même composition que la gouache, donne, à l’opposé de celle-ci, une grande transparence des couleurs. Elle se constitue :

  • de pigments : leur transparence est obtenue grâce à la taille de leurs particules ainsi qu’à leur indice de réfraction ;
     
  • un liant : la gomme arabique est majoritairement utilisée. Pour augmenter sa fluidité, du sucre candi ou du miel peuvent être ajoutés ;
  • les additifs. Il en existe plusieurs : le fiel de bœuf, l’amidon ou la dextrine. Afin d’éviter les moisissures, des agents conservateurs et des fongicides sont ajoutés.

 


 

Ses propriétés

L’aquarelle est très fragile et se conserve très mal. Pour espérer les garder en bon état, il est préférable de les mettre sous verre.

Les différentes aquarelles se présentent sous forme de godets ou de tubes.

Comme les peintures gouaches ou les peintures à l’huile, elles existent dans diverses qualités (étude, fine ou extra-fine).

 

L’histoire de l’aquarelle

Elle existe depuis très longtemps. En effet, les peintures rupestres qui recouvrent les murs des grottes préhistoriques sont un début d’aquarelle. Elles sont un mélange de pigments naturels et d’un liant. Ce dernier était alors fait des crachats des hommes préhistoriques. Pas très glamour je vous l’accorde, mais très malin. C’est tout de même le début de l’art.

Les peintures à l’eau sont très répandues en Europe jusqu’à ce que la peinture à l’huile fasse son apparition vers le XIVe siècle. Elle fait alors la préférence des grands peintres et l’aquarelle sert principalement à illustrer les planches de botanique ou de zoologie. Il faut dire que la peinture sur papier de l’aquarelle se prête extrêmement bien à cet exercice.

Il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle pour que l’aquarelle reprenne une place de choix avec les peintres.

C’est en Angleterre qu’elle reprend ses titres de noblesse.

D’ailleurs, l'exposition universelle de Paris en 1855 sera l’occasion de montrer tout le talent des aquarellistes. Ils auront beaucoup de succès.

 

 

L’aquarelle japonaise

 

Entrons dans le vif du sujet avec l'aquarelle japonaise ! Elles sont appelées gansai.

 

Sa composition


Sa grande différence de composition avec les aquarelles occidentales réside dans le liant utilisé.

Contrairement à la gomme arabique seule, les pigments des aquarelles japonaises sont liés avec un mélange de colle, d’argile, d’amidon, de gomme arabique, de cire d’abeille, de sirop de sucre et de glycérine. La colle qui entre dans sa composition est réalisée à partir des os et de la peau de poissons ou d’animaux.

Les palettes japonaises que vous pouvez acheter sont les aquarelles Gansai Tambi de Kuretake.

Et, force est de constater que le fabricant (Kuretake) reste discret sur la composition exacte de ses peintures. Un secret jalousement gardé qui interdit de connaître tout ce que contiennent les aquarelles.

 

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Ses utilisations

Elles sont diverses, comme pour l’aquarelle occidentale. Toutefois, elles sont particulièrement appréciées pour :

  • l’illustration ;
  • les esquisses ;
  • le sumi-e. Le sumi-e ? Qu’est-ce que c’est ? Il signifie “peinture à l’encre”. Il existe aussi le suiboku-ga, “image à l’eau et à l’encre”. Imaginaire de Chine, ce sont aujourd’hui des mouvements de la peinture japonaise. Le sumi-e se différencie par l’usage du lavis et de l’encre noire.

 

Ses caractéristiques

En premier lieu, parlons de la palette elle-même. Elle est très esthétique, bien que minimaliste. Elle dégage une première impression de grande qualité, ce qui n’est guère étonnant pour un produit japonais.

La palette est disponible en 12, 24 ou 36 godets. Les prix sont de 25 euros environ pour les 12 godets, jusqu’à 60 euros pour les 36 godets.
 

  • Couleurs pour les palettes de 12 godets : blanc, jaune citron, rouge écarlate, rouge, lie de vin, bleu, bleu intense, vert moyen, vert, brun, brun clair, noir.
     
  • Couleurs pour les palettes de 24 godets :  jaune moyen, rose foncé, pourpre, bleuet, bleu cobalt, turquoise clair, vert turquoise, vert océan, vert de Mai, vert olive, sempervirens, brun foncé,  blanc, jaune citron, rouge écarlate, rouge, lie de vin, bleu, bleu intense, vert moyen, vert, brun, brun clair, noir.
     
  • Couleurs pour les palettes de 36 godets : blanc, jaune citron, jaune clair, orange, rouge cadmium, rouge écarlate, rouge, lie de vin, rouge carmin, rose intense, violet intense, violet menthol, bleu, bleu intense, bleu persan, vert moyen, vert, brun, brun clair, noir, jaune moyen, rose foncé, pourpre, bleuet, bleu cobalt, turquoise clair, vert turquoise, vert océan, vert de Mai, vert olive, sempervirens, brun foncé, vert de Marne, or, or rouge et argent.

Un prix un peu élevé justifié par la qualité et la quantité des produits.

En effet, la taille des godets n’a rien à voir avec les godets occidentaux.

Ils sont plus grands, sans doute à cause de la taille des pinceaux japonais. Ces pinceaux sont bien plus gros que les occidentaux et sont souvent utilisés dans l’art majestueux de la calligraphie. Bien sûr, vous pouvez vivre l’expérience jusqu’au bout et peindre l’aquarelle japonaise avec des pinceaux japonais. Sachez que ces derniers sont plus onéreux et plus fragiles, leurs poils se détachent facilement.

Mais pourquoi ne pas essayer ?

De plus, les godets peuvent s’acheter à l’unité, très pratique lorsque l’on utilise quelques couleurs en particulier. Seul bémol, certains utilisateurs rapportent qu’ils sont parfois difficiles à trouver à l’unité.

Mondialisation oblige, le nom des couleurs est maintenant traduit en anglais sur les palettes. Ce n’est le cas que depuis 2015, auparavant seul le nom japonais figurait sur les boîtes.

 

Ses propriétés

L’aquarelle japonaise est, là encore, différente des aquarelles occidentales. Elle est presque opaque et les utilisateurs expliquent que l’expérience de peinture est proche de la peinture gouache.

L’aquarelle est dynamique, puissante et elle donne une vie au dessin. Sa couvrance pardonne peu les erreurs.

Très crémeuse, elle est particulièrement agréable à mélanger et à appliquer. Même dilués, les pigments restent très présents sur le papier.

Les aquarelles gansai de Kuretake offrent une brillance et une luminosité incomparable.

Les couleurs ont un fini plus satiné/brillant que les aquarelles classiques.

L’utilisation de la gélatine rend la peinture moins adaptée aux lavis et aux glacis. En particulier si vous optez pour un papier aquarelle de qualité médiocre. Sachez qu’il existe du papier japonais, parfait pour l’usage de cette aquarelle.

Il est de plus conseillé de ne pas mélanger plus de 2 couleurs.

Japon oblige, les rouges sont très représentés dans la gamme des couleurs. Idem pour les verts.

Le gansai n’étant pas par essence granuleux, vous pouvez ajouter un médium de granulation si vous souhaitez obtenir cette texture.

Les couleurs ne sont pas très chargées en pigments.
 

 

Avant de vous présenter Reiji Hiramatsu, un grand maître de la peinture japonaise, je vous rappelle qu'en ce moment vous pouvez rejoindre la formation "La Peinture c'est Facile!". Et profiter de plus de 400 heures de cours de peinture.

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Un petit mot sur Reiji Hiramatsu

 

J’aime beaucoup parler de quelques artistes dans mes articles. Car sans artiste, sans peintre (expert ou amateurs) il n’y aurait personne pour faire vibrer les couleurs et chanter les peintures.

Aujourd’hui, je souhaite terminer cet article en vous parlant de Reiji Hiramatsu.

Pourquoi cet artiste ? Parce qu’il est maître dans l’art du nihonga, la peinture japonaise.

De plus, il crée lui-même ces peintures, en utilisant les mêmes composants que le gansai de Kuretake.

Cet artiste japonais, très inspiré par Monet en particulier, crée de magnifiques œuvres très poétiques où l’on retrouve la présence de l’eau, de nénuphars, de poissons...

Humble et sensible, Reiji Hiramatsu fabrique lui-même toutes les aquarelles qu’il utilise.

Pratiquant le shintoïsme, il trouve son inspiration et ses pigments dans la nature grâce aux coquilles d’huîtres, aux pierres naturelles et aux substances minérales.

La colle, le liant, est également fabriquée par ses soins. Une recette secrète, extrêmement précise et délicate faite à base de gélatine de bœuf ou de cartilage de poissons.

Il peint généralement sur du papier artisanal japonais, le washi, composé de fibres de mûriers.

Sans surprise, il prend grand soin de bien choisir ses pinceaux, qu’il préfère en poils de belette, de blaireau et cerf ou de chèvre.

Je ne peux que vous conseiller d’aller admirer ses œuvres.

 

 

Voilà pour les aquarelles japonaises. J’espère que vous aurez pris autant de plaisir à lire cet article que j’ai pris de plaisir à le rédiger.

N’hésitez pas à tester les Gansai Tambi de Kuretake et à me faire des retours sur votre expérience.

Bonne aquarelle à tous !

 

René Milone

René