Comment peindre l'illusion du détail ?
Si vous vous êtes abonné(e) à la formation "La peinture c'est facile", vous devez vous connecter ici : https://www.milone-art-academy.com/ pour accéder à vos cours qui comptent maintenant, plus de 350 cours (400 heures et 800 vidéos). Vous ne recevez pas vos cours par email.
Les emails que vous recevez chaque lundi, vous annoncent l'article de la semaine. Comme celui-ci. Ces articles sont accessibles gratuitement par tous et ne sont pas des contenus de cours payants.
Comment peindre l'illusion du détail ?
C’est un peu toujours la même histoire…
Face à un paysage magnifique et verdoyant, les artistes en herbe ont bien souvent tendance à se perdre dans les détails. Le regard concentré, ils essaient de peindre chaque feuille, chaque branche biscornue, chaque brin d'herbe qui ploie délicatement sous une bise légère… C’est un défi permanent pour représenter l’ensemble des ombres, des lignes et des formes qui structurent cette scène. Je suis prêt à parier que vous avez déjà vécu une expérience similaire !
Le problème, c’est que cela peut être franchement pénible, non seulement pour l'artiste, mais également pour les spectateurs de cette peinture qui finit par être bien trop encombrée…
Le peintre américain Albert Pinkham Ryder (1847-1917) résume très bien la situation :
"L'artiste doit craindre de devenir l'esclave du détail... il doit s'efforcer d'exprimer sa pensée et non la surface de celle-ci."
Pour cette raison, il est intéressant de connaître certaines techniques de bases pour donner ce que l’on appelle « l’illusion du détail ». Cela consiste à savoir se débarrasser de tout ce « bruit » et ces informations superflues qui surchargent inutilement une oeuvre, au point d’en perdre le message d’origine. L’objectif est clair : revenir aux éléments de bases et à leur représentation, de manière simple et efficace !
Autrement dit, il s'agit de savoir comment faire plus avec moins. Les impressionnistes russes sont d’ailleurs des spécialistes en la matière.
Je suis toujours époustouflé par la quantité d'informations qu'ils peuvent transmettre en un seul coup de pinceau…
C'est une façon amusante de peindre, mais comme pour tout en peinture, ce n'est pas forcément très évident au début. Copier le sujet est facile. Mais quand il s’agit de le simplifier et de le représenter avec moins de coups de pinceau, cela devient tout de suite plus compliqué !
Pas d’inquiétude, je vais vous dévoiler dans cet article 6 techniques et conseils spécifiques pour vous apprendre à donner l'illusion du détail pour toutes vos peintures. Vous êtes prêt ? C’est parti !
Conseil 1 - L’importance de placer les bonnes couleurs aux bons endroits
Je trouve cela fascinant de voir comme une peinture prend soudainement tout son sens lorsque l’on place les bonnes couleurs aux bons endroits. Ce seul fait peut donner l'impression qu'il se passe bien plus de choses qu'il n'y en a en réalité. La raison est simple : l’imagination de l’observateur finit par faire une grande partie du travail pour vous !
Prenez la très belle aquarelle de John Singer Sargent ci-dessous. Au premier regard, c’est une peinture qui apparaît relativement « simple » : quelques formes sombres, des formes plus claires et de fines touches de couleur pour compléter le tout. Pourtant, il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un paysage.
John Singer Sargent , Dans les Dolomites, 1914
Comme vous le voyez, Sargent n'a pas eu besoin de peindre chaque brin d'herbe, les rochers, les insectes, les feuilles ou les plantes pour nous montrer cette scène dans toute sa splendeur. Notre imagination s'occupe de ces détails !
Les tableaux de Sir Arthur Streeton me viennent également à l'esprit. Son travail apparaît presque sans effort, comme s'il peignait sans la moindre hésitation. Pourtant, ses oeuvres sont particulièrement réalistes. Cet artiste vous plonge dans les paysages arides de l'Australie avec un style saisissant. Et devinez quoi ? Tout cela est dû à son utilisation remarquable des principes.
Sir Arthur Streeton, Magnetic Island, 1924
Conseil 2 - Travaillez des détails spécifiques
Une rose bien visible au milieu d’un parterre de fleurs, un motif intéressant de lumière rasante, les yeux du sujet dans un portrait…
Ce type de détails focalisent immédiatement l’attention et, ce faisant, détournent le regard des autres zones du tableau. Cela vous permet de simplifier les autres parties sans compromettre la qualité du réalisme.
Cette technique imite la façon dont nous voyons le monde. Lorsque nous nous concentrons sur un objet précis, les alentours se brouillent et s'adoucissent.
Je vous invite à essayer cette méthode dès maintenant ! Concentrez-vous sur quelque chose qui se trouve en face de vous. À quoi ressemblent les objets environnants ? Probablement à rien d'autre que de vagues formes colorées.
L'avantage de la peinture, c'est que c'est vous qui décidez ce qui est net… et ce qui ne l'est pas ! Vous contrôlez ainsi parfaitement où le spectateur va porter son regard.
Je vais à nouveau utiliser le travail de Sir Arthur Streeton comme exemple. Il a souvent fait un usage astucieux de cette technique pour attirer le regard de l’observateur sur les zones qu’il souhaite, ce qui lui permet ainsi de simplifier l'environnement autour.
Sir Arthur Streeton, La Pastorale de Cremorne, 1895
Voici son tableau « La Pastorale de Cremorne ». Regardez la partie herbeuse en particulier.
Ces plantes et ces fleurs aux détails et aux motifs complexes concentrent toute votre attention, n!est-ce pas ? Vous en oubliez ainsi que le reste du paysage n'est composé de rien d'autre que des couleurs et des coups de pinceau assez simples ! C!est là toute la force de cette technique.
Conseil 3 - Utilisez de petits éclats de couleur, plus ou moins clairs ou foncés
Cette méthode est relativement similaire à celle des détails spécifiques dont je vous parle plus haut, à une différence près : au lieu de travailler des détails complexes pour attirer l'attention, vous utilisez simplement des éclats de couleur, plus ou moins clairs ou foncés.
Les impressionnistes avaient souvent recours à cette technique : un petit éclat de jaune pour représenter un mouvement dans un paysage, une touche de vert vif pour les feuilles éclairées par le soleil, ou bien encore un trait multicolore de blanc, de jaune et d'orange pour une lumière rasante…
Ce sont des détails simples, souvent peints d'un seul coup de pinceau. Pourtant, ils attirent immédiatement l'attention et peuvent faire ou défaire un tableau !
Voici une peinture de l’artiste russe Konstantin Korovin (1861 - 1939). C'est un paysage lugubre, qui contient un magnifique éclat de couleur et de lumière au premier plan. Des touches de rouge, de jaune et de vert suggèrent des plantes et des fleurs éclairées par le soleil. Il y a également un éclat de lumière dans le ciel, juste au-dessus de la ligne d'horizon. Ces zones concentrent votre attention et vous attirent dans le tableau.
Konstantin Korovin, Okhotino, 1915
Dans le tableau « Impression, soleil levant » de Claude Monet, l'explosion de lumière orange et les quelques accents sombres focalisent toute votre attention. Vous ne remarquez même pas la simplicité du reste du tableau !
Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872
Conseil 4 - La technique du couteau à peinture
Le couteau à peinture est l’un de mes outils préférés. Il est parfait pour gratter, faire des empâtements, apporter des touches multicolores et des couleurs franches. Toutes ces techniques injectent de la vie dans une peinture sans demander pour autant un travail long et fastidieux de votre part.
Toutefois, l’utilisation de cet outil nécessite une vraie maîtrise. En effet, un travail au couteau mal fait peut sembler pour le moins… négligé !
Pour plus d’informations, je vous invite à lire mon article 5 techniques faciles pour peindre au couteau pour tout savoir sur ce formidable outil.
Conseil 5 - La technique des couleurs fractionnées
Ce n’est pas un hasard si je vous parle souvent de cette technique dans mes articles, c’est l’une de mes favorites !
Cette méthode est parfaite pour donner l’illusion du détail à vos peintures de paysages. Ciel ouvert, montagnes aux sommets poudrés de neige, nuages aux contours vaporeux, brouillard, eau, vagues déferlantes… vous pouvez distiller toutes ces informations avec des couleurs vibrantes et formidables, sans avoir pour autant besoin de peindre chaque petit détail qui compose la scène ! Cette technique vous permet également d’imiter les qualités indomptées de la nature.
Je vais prendre pour exemple la magnifique peinture de Joaquín Sorolla, intitulée « Elena parmi les roses ». Observez de près ces couleurs fractionnées riches et fascinantes.
Joaquín Sorolla, Elena parmi les roses, 1907
Voici un exemple plus subtil de couleurs fractionnées réalisée par Adolphe Joseph Thomas. Remarquez les différents tons de jaune, de bleu et de gris. L’utilisation de cette technique donne une impression de variance et de profondeur, sans pour autant compromettre la structure et les formes.
Adolphe Joseph Thomas, Kustgebergte, Monticelli, 1870-1880
Mais avant de découvrir mes deux derniers conseils, je vous rappelle qu'en ce moment vous pouvez rejoindre la formation "La Peinture c'est Facile!". Et profiter de plus de 400 heures de cours de peinture.
Si ça vous intéresse, vous pouvez cliquer ici pour profiter de 7 jours d'essai offerts en cliquant ici :
Conseil 6 - Le travail des lignes
En peinture, les lignes sont puissantes. Elles concentrent et dirigent notre attention. Nos yeux aiment les suivre. Un simple contour peut transformer les formes et les couleurs en quelque chose de beaucoup plus important.
Prenez la peinture ci-dessous de Johan Antonie de Jonge. À quoi ressemblerait-elle sans les lignes ? Soyons honnêtes, cela ne serait pas grand-chose de plus que des aplats de couleurs et des formes légères. C’est bien simple, les lignes injectent de la vie et du sens dans la peinture. Elles transforment les couleurs en personnes, en bateaux et en mouvement.
Johan Antonie de Jonge, Bateaux pêcheurs sur la plage de Scheveningen
Pour terminer, « Fleur de pêcher - Villiers-le-Bel » de Childe Hassam présente un contraste intéressant entre des formes colorées simples et un travail au trait complexe. L'arbre principal et ses branches attirent l'attention, en particulier avec l'arrière-plan subtil. Les traits donnent également un contexte au reste du tableau. Ils transforment des taches de vert et de blanc cassé en feuilles et en fleurs…
Childe Hassam, Fleur de pêcher - Villiers-le-Bel, 1887-1889
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui ! J’espère que vous avez pris plaisir à lire ce nouvel article. Comme toujours, je vous encourage à partager vos commentaires ci-dessous, c’est toujours un grand bonheur d’échanger avec vous !
À très bientôt,
Bye bye !
René