La peinture japonaise : techniques et concepts
La peinture japonaise est millénaire.
Elle est souvent empreinte de la peinture et des techniques venus de Chine.
Durant les siècles qu’elle a traversés, elle a revêtu des variétés et des styles différents.
Entre la période Kofun (sans doute la plus ancienne) et aujourd’hui, peinture, calligraphie et inspiration religieuse se sont mêlées. Le Nihonga représente une part importante de cet art séculaire.
Je vous fais (re)découvrir ici la peinture japonaise, ses techniques et ses concepts.
La peinture japonaise à travers le temps
Entrons dans notre machine à explorer le temps et remontons à la naissance de cet art au Japon.
Période Kofun
Elle couvre l’ère avant la préhistoire du Japon. Les premières traces de peinture sont retrouvées dans les chambres funéraires.
Les formes géométriques telles que les disques, les triangles ou les losanges sont très présentes. On retrouve également des couleurs : le vert, le brun, le rouge, le blanc, le bleu.
Longtemps sous considérées, leur conservation n’était pas une priorité.
Kofun de Takehara. Pierre du fond de la chambre funéraire. v. 550-600
Période Asuka
Elle s’étale de la période préhistorique jusqu’à l’an 710. Là encore, les peintures sont très géométriques avec quelques motifs botaniques ou architecturaux.
Période de Nara (710-794)
Le bouddhisme étant présent depuis le 6e et le 7e siècle, l’art japonais s’en inspire largement.
La vie de Bouddha orne les murs des temples.
Période Heian (794-1185)
La religion reste très présente dans les peintures. Le mandala est omniprésent.
Cette période est également propice aux yamato-e, servant à recouvrir les fameuses portes coulissantes japonaises.
Époque de Kamakura (1185-1333)
Même si elle est principalement l’époque faste de la sculpture, la peinture reste très utilisée également.
Attaque nocturne du palais de Sanjō
Époque de Muromachi (1333-1573)
2 styles de peinture composent cette époque :
- la peinture shintō : elle rend hommage aux divinités ;
- la peinture zen : par exemple le sumi-e, vu dans un précédent article (art monochrome).
Époque Azuchi Momoyama (1573-1603)
Elle est presque à l’opposé de l’époque Muromachi. La peinture polychrome est grandiose et l’utilisation de feuilles d’or et de feuilles d’argent est largement répandue.
On retrouve des représentations de tigres, de chevaux, de dragons…
Kano Eitoku
Époque d’Edo (1603-1868)
La calligraphie reprend une place importante.
Quant aux peintures, elles sont plus décoratives et plus fastueuses.
Tsuru emaki - Sōtatsu
Empire du Japon (1868-1945)
Le changement de politique et l’européanisation permettent aux Nippons de découvrir l’art occidental. De nombreux artistes japonais partent étudier la peinture à l’étranger.
La peinture occidentale connaît alors un très fort engouement jusqu’à ce que les Japonais se tournent à nouveau vers leur propre style de peinture.
La peinture traditionnelle japonaise (le Nihonga) est alors omniprésente.
Les peintures et l’art en général deviennent contemporains après 1945, principalement dès 1970.
Les différentes techniques de la peinture japonaise
Le nihonga
Il signifie littéralement peinture (ga) japonaise (nihon). C’est à la fois une technique, un concept et un mouvement.
Apparu vers 1880, le nihonga avait pour but de se distinguer de l’art occidental, alors très en vogue.
Il reprend les bases de la peinture nippone : l’art, les matériaux et les techniques traditionnels.
Les artistes ne peignent que sur des supports naturels (le bois, les coquillages, les os, le papier ou la soie).
Les codes de la fresque murale sont repris avec l’utilisation de pigments naturels, de terre ou d’oxydes de métaux.
La peinture commence par l’esquisse des contours réalisée à l’encre, puis l’application des couleurs grâce à la peinture à l’eau.
Parmi ces artistes connus, citons par exemple Kano Hogai, Kose Shoseki, Hashimoto Gaho ou encore Kawabata Gyokusho.
Lions - Kano Hogai
Le katabokashi
Cette technique picturale est obtenue après un estompage de la forme. Cela crée un motif en négatif par application d’un lavis autour d’une partie épargnée de papier. La partie blanche se détache alors distinctement du fond coloré.
Le mokkotsuga
Cette technique, appelée également peinture sans os, consiste à créer un motif, mais sans en dessiner les contours. Ces derniers sont obtenus grâce à de fines lignes colorées et peintes à la perpendiculaire du sujet.
Le shunbô
Aussi appelé technique des rides, il s’agit ici de suggérer du volume et de la texture (arbres, montagnes…) à l’aide de traits plus ou moins longs et plus ou moins épais.
Le tarashikomi
Cette technique consiste à appliquer de l’encre sumi à l’aide d’un pinceau, dans une zone délimitée du tableau.
L’encre peut être remplacée par un pigment (or ou argent également).
Il convient ensuite de déposer (avant le séchage de l’encre) un sumi plus foncé dans la couche précédente.
Une fois le tableau sec, on retrouve un effet de couleurs mélangées, aux bords flous, donnant une illusion de volume.
L’aquarelle
Impossible de parler de la peinture japonaise sans évoquer les aquarelles.
Aussi appelées gansai, les aquarelles japonaises se différencient par le liant des pigments.
Il est réalisé avec un mélange de colle, d’argile, d’amidon, de gomme arabique, de cire d’abeille, de sirop de sucre et de glycérine. De plus, la colle est faite à partir des os et des peaux de poissons ou d’animaux.
Le lavis
Né en Chine au VIe siècle, le lavis arrive au Japon au Xe siècle. Les Nippons deviennent alors de véritables artistes dans cet art. Vous vous souvenez, j'en parle dans cet article.
Très axés sur la religion et la philosophie, les tableaux représentent principalement des paysages calmes et reposants.
Les lavis sont aussi appelés sumi-e ou suiboku-ga. Ils sont généralement peints à l’encre noire.
L’âge d’or du sumi-e se retrouve à la période Muromachi, en particulier grâce aux maîtres Sesshũ et Sesson Shukei.
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Supports utilisés pour la peinture japonaise
Si vous souhaitez vous essayer à la peinture japonaise, voici quelques supports qui rendront votre œuvre encore plus authentique.
Le kakemono
C’est un rouleau de peinture verticale encadré par des bandes de soie. Afin de pouvoir garder le rouleau ouvert, un bâton de bois est placé en bas.
Le byôbu
Très présent dans l’architecture japonaise, le byôbu est un paravent composé de plusieurs panneaux (toujours un nombre pair).
Il est un support prestigieux pour peindre de véritables chefs-d'œuvre.
Le byôbu permet de créer de petits espaces d’intimité ou de cloisonner des pièces.
Exemple de byôbu
Le makimono
C’est le même principe que le kakemono, mais ici le rouleau s’ouvre à l’horizontale.
Médiums utilisés pour la peinture japonaise
Le sumi
Il nécessite un processus méticuleux et long. Le sumi est une encre très utilisée dans la peinture japonaise.
Le kinpaku
Lui aussi est largement utilisé dans la peinture japonaise, notamment pour les paravents.
Constitué de feuilles d’or encollées, le kinpaku est un fond idéal pour peindre des sujets.
Le kindei-gindei
Constitué de colle à base de peau et de poudres métalliques, le kindei-gindei est un lavis d’or ou d’argent.
Le gofun
Il a différents usages : donner du relief lorsqu’il est travaillé en épaisseur, éclaircir une autre couleur ou servir de fond à un tableau.
Le gofun est une sorte de pigment blanc mélangé à de la colle animale.
Sa fabrication est compliquée. Elle consiste à calciner puis à réduire en poudre le carbonate de calcium présent sur des coquilles d'huîtres blanchies en extérieur.
Le nikawa
C’est un liant, une colle réalisée à base de peaux et d’os d’animaux. Ce liant est utilisé pour la préparation de l’encre ainsi que des couleurs.
Vous voilà maintenant incollables sur la peinture japonaise.
Sayonara
René