La règle des tiers : la règle pour un bon équilibre spatial
En bon peintre que vous êtes (si, si, ne soyez pas si modeste !), vous connaissez sans doute la règle des tiers.
C’est une règle incontournable pour apporter un bon équilibre spatial à votre œuvre.
Elle est utilisée en photographie et en peinture afin de structurer l’image et de fluidifier sa lecture.
En respectant cette sorte de grille en 9 cases, vous rendez votre tableau plus attrayant visuellement et plus équilibré.
En quoi consiste exactement cette règle, d’où vient-elle, quel est son intérêt et comment la maîtriser ?
Comme il n’y a pas de question sans réponse, je vous réponds tout de suite !
La règle des tiers : quésako ?
Enseignée dans les arts visuels, la règle des tiers est fort utile pour les peintres, les photographes ou les graphistes.
Elle structure parfaitement l’image en rendant sa lecture plus fluide et en mettant en avant les points forts.
C’est Sir Joshua Reynolds qui la décrit pour la première fois en 1797. Il explique alors que cette règle lui a permis d’équilibrer les clairs et les obscurs de ses œuvres.
Cette règle d’or est très simple à appliquer et bien moins complexe que le Nombre d’or.
Pour petit rappel le Nombre d’or, qui permet également de structurer les tableaux, les photographies se calcule ainsi selon Wikipédia :
“ En traçant un carré, puis en rabattant le rayon obtenu du milieu d’un côté d’un coin sur le même côté, on obtient un rectangle dont les proportions sont telles que le petit rectangle augmentant le carré initial comporte aussi, entre ses côtés, la même proportion dite nombre d’Or, soit approximativement 1,618 ”.
Pas des plus simples ce calcul, vous en conviendrez ! Pourtant il est très efficace lui aussi.
Il existe plusieurs formes géométriques qui font appel au Nombre d’or : la suite Fibonacci, le rectangle d’or, le Triangle d’or, le cercle doré, l’angle d’or ou encore la spirale d’or.
D’autres compositions sont très utilisées dans le domaine de l’art :
- la Porte d’harmonie ;
- les diagonales ;
- le centre ;
- la composition dite de “Charles VII” ;
- la spirale ;
- les lignes de force ;
- les points de force ;
- la composition académique centrée ;
- la perspective…
La liste n’est pas exhaustive.
La règle des tiers se situe à mi-chemin entre la Porte d’harmonie et le Nombre d’or.
Pourquoi et comment utiliser la règle des tiers ?
Pourquoi utiliser la règle des tiers ?
En premier lieu, j’aurais envie de vous répondre : “Parce que c’est la plus simple à utiliser”.
Mais pas que ! Elle est redoutablement efficace malgré sa simplicité. Et c’est bien là tout son intérêt
Comment utiliser la règle des tiers ?
Pour commencer, rappelons-nous comment nous lisons une image (photographie ou peinture).
Notre cerveau fonctionne de la même manière que pour la lecture classique d’écriture.
Pour nous, de gauche à droite et de bas en haut. Lors de cette lecture rapide, nos yeux cherchent quelques points d’intérêt auxquels s’accrocher.
C’est ici que les différentes règles apparaissent.
Dans celle qui nous concerne, les points d’intérêt sont constitués par les intersections des lignes horizontales et verticales.
Pour obtenir ces lignes et ces points, c’est extrêmement simple : séparez votre tableau en 9 cases en traçant 2 lignes verticales et 2 lignes horizontales parfaitement espacées.
Difficile de faire plus simple !
Pour rendre la composition dynamique, placez les éléments qui constituent les centres d’intérêt sur ces lignes (appelées lignes de force) ou au niveau des intersections (appelées points forts).
Cette mise en avant est possible grâce :
- à des questions d’harmonie et d’équilibre des proportions ;
- une lecture fluide de l’image (par la façon de lire expliquée plus haut).
L’utilisation de cette règle permet d’éviter de placer le sujet au centre du tableau.
Trucs et astuces
Selon le visuel recherché, vous utiliserez ces 9 cases de façon différente.
Pour un paysage
Placez la ligne d’horizon sur la ligne du tiers bas afin d’avoir ⅔ de ciel et ⅓ de premier plan ou sur la ligne de tiers haut pour mettre plutôt en avant le premier plan.
Pour les scènes de vie
Pour les scènes de vie, placez votre sujet dominant sur le tiers droit ou gauche afin de laisser le reste de l’espace pour l'ambiance générale de la scène.
Pour un sujet en mouvement
Selon la direction vers laquelle le sujet se dirige, laissez les 2 tiers de ce côté libre.
Par exemple, si votre sujet court vers la droite, placez-le sur la ligne de force verticale la plus à gauche et laissez les ⅔ droits restants libres.
Ainsi, l'œil se dirige tout naturellement vers la droite, accompagnant ainsi le mouvement du sujet.
Pour les portraits
Pour donner de la force au portrait, placez les yeux du sujet sur une ligne de force horizontale. Si le sujet regarde le peintre, les yeux seront placés dans la partie tiers du milieu de la ligne de force horizontale.
Si le sujet regarde sur le côté, il est préférable (comme pour le sujet en mouvement), de placer la ligne des yeux sur la partie tiers opposée à la direction du regard.
Autres astuces
Si la règle des tiers est très utile pour structurer votre toile et donner un bon équilibre spatial, cela ne signifie pas pour autant qu’elle doit être utilisée pour chacun de vos tableaux.
Il est important de la connaître, mais ne vous sentez pas "piégé".
Il peut également être intéressant de réaliser les 2 mêmes œuvres : une avec cette règle et l’autre sans, afin de voir les différences entre les 2.
Avant de vous donner deux exemples concrets, je vous rappelle qu'en ce moment vous pouvez rejoindre la formation "La Peinture c'est Facile!". Et profiter de plus de 400 heures de cours de peinture.
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Exemples concrets
Pour une meilleure compréhension et représentation, voici 2 petits exemples.
L’Angélus de Millet
Si vous découpez ce tableau en 9 cases comme vu précédemment, vous constatez que le tiers supérieur est consacré au ciel et les 2 tiers restants sont consacrés à la terre, vitale pour les paysans représentés ici. La ligne de force horizontale supérieure représente exactement la ligne d’horizon.
Les personnages, eux, sont parfaitement symétriques, positionnés chacun sur une ligne de tiers verticale.
Pour la petite anecdote (pas très joyeuse), sachez que des radios ont montré que le panier présent entre les 2 personnages est en fait un repentir. À l’origine, se trouvait un cercueil d’enfant. Millet aurait été prié de le retirer afin d’avoir une chance de vendre son chef-d'œuvre.
Le Téméraire Combattant de William Turner
Ici, contrairement au tableau de l’Angélus, la ligne de tiers inférieure représente la ligne d’horizon.
Les navires, eux, se croisent autour du point fort en bas à gauche : point d’intersection entre la ligne de force horizontale inférieure et la ligne de force verticale de gauche.
Ainsi, la partie droite est libérée et donne une impression de mouvement à la scène, comme nous l’avons vu précédemment.
Vous voilà maintenant incollables sur la règle des tiers.
J’espère vous avoir parfaitement expliqué les avantages de cette méthode ainsi que la façon de l’utiliser pour vos tableaux.
Les 2 exemples permettent de mieux visualiser ce qui est expliqué (enfin je l’espère !).
Essayez, c’est très amusant et enrichissant, de tester cette règle sur les photographies et tableaux célèbres. Vous constaterez qu’elle est largement utilisée.
Bien sûr, d’autres règles existent, nous en avons parlé. La suite de Fibonacci et le rectangle d’or sont notamment utilisés dans la peinture de La Joconde de Léonard de Vinci.
Quant à La Grande Vague de Kanagawa, peinte par Hokusai, elle fait appel à la spirale d’or.
René