Les plus célèbres toiles de style romantique

Cette semaine, nous aborderons un sujet assez subjectif : les toiles les plus célèbres. La célébrité est certes moins subjective que la beauté, mais tout de même. J’ai choisi ici des toiles, des titres et des peintres qui, à priori, parleront à tout un chacun. Des noms que la plupart des gens ont déjà entendus. Bref, des toiles représentatives du style romantique.

Allez, trêve de bavardage, c’est parti.
 

 

Qu’est-ce que la célébrité ?

 

Qu’est-ce que la célébrité et comment ai-je choisi les toiles ? Simplement en parlant de celles qui me semblent les plus connues, qui évoquent quelque chose dans l’esprit de la personne à qui vous allez en parler, même si elle n’est pas peintre ou experte en art.  

Si nous prenons l’exemple de La Joconde, je pense que tout le monde la connaît et imagine à quoi elle ressemble. Ensuite, chacun aura un avis différent sur le travail du tableau en lui-même, sur son rendu. Certains penseront que cette toile est un véritable chef-d'œuvre alors que d’autres ne comprendront pas l’engouement qu’elle suscite. C’est ainsi. 

J’ai donc misé sur la célébrité et non sur la beauté, ce que je pensais faire de prime abord. Mais personne ne peut décider de ce qui est beau et ce qui ne l’est pas. 

 

La liberté guidant le peuple, de Delacroix


Quelques mots sur l’auteur, Eugène Delacroix

Ce peintre français, né en 1798 et mort en 1863 est considéré comme le représentant du romantisme. C’est pourquoi il était impossible de ne pas l’évoquer dans l’article qui nous occupe ici. Il est un des rares artistes reconnus alors qu’il était encore en vie. Il reçoit effectivement des commandes d’État importantes et pose sa patte sur les murs et les plafonds de quelques monuments publics.

Son style romantique est sans doute dû au fait qu’il fréquente assidûment Victor Hugo et tous les artistes gravitant autour de l’écrivain. Ces toiles, qui mettent en exergue une grande maîtrise de la couleur, inspireront de nombreux autres peintres : Van Gogh, le pointilliste Paul Signac, Édouard Manet, Paul Cézanne, Claude Monet…

 

Quelques mots sur la toile

Eugène Delacroix réalise cette toile en 1830 et la présentera au Salon de 1831. Elle est alors intitulée Le 28 juillet. Cependant c’est le titre La Liberté guidant le peuple qui sera retenu. 

Le choix du sujet est dicté par son regret de ne pas avoir pu participer à la révolution des Trois Glorieuses. Il souhaite donc rendre hommage à tous ceux qui y ont pris part, et faire un geste patriotique. Les personnages figurant sur la toile sont des gens du peuple, ceux qui se sont battus. La femme, elle, avec son bonnet phrygien, incarne la liberté.

La toile connaîtra de nombreux allers-retours dans différents musées puis sera proposée à l’Exposition Universelle de 1855. C’est finalement le Musée du Louvre qui en sera l’acquisition en 1874. Depuis, elle y est toujours exposée.



 

Jeune orpheline au cimetière, de Delacroix


Même si elle fût longtemps considérée comme une étude pour réaliser ensuite sa toile Les Massacres de Scio, Jeune orpheline au cimetière est en réalité une œuvre à part entière.

Empreints d’une grande tristesse, les traits de la jeune fille sont très précis, permettant ainsi de la détacher du fond flou et du cimetière en arrière-plan.

Les ombres, elles aussi, sont parfaitement exécutées et réalistes. Le choix des couleurs froides accentue encore l’impression de solitude et de désarroi. 

 

Le Cauchemar, de Füssli

 

Quelques mots sur l’auteur, Johann Heinrich Füssli

Né en 1741 et décédé en 1825, on peut dire que cet artiste (peintre et écrivain) était une sorte d’avant-gardiste. Pourquoi ? Parce qu’il a un attrait tout particulier pour les sujets fantastiques, ce qui n’est pas banal à son époque. 

Il voyage beaucoup entre la Suisse, l’Allemagne, l’Angleterre ou encore l’Italie où il change son nom de Füssli en Fuseli, qui sonne plus italien.

 

Quelques mots sur la toile

Puissante et sombre, elle est simplement magnifique (voilà de la subjectivité !). Les tentures de la chambre sont opaques, la jument représentée est noire, le sol foncé. Seule la femme est claire de peau, enveloppée dans une robe blanche. Un petit être diabolique est assis sur cette femme qui fait un terrible cauchemar. Il semble nous fixer droit dans les yeux, le rendant alors encore plus effrayant. 
 

 

Le Dernier Voyage du Téméraire, de Turner

 

Quelques mots sur l’auteur, William Turner

Né en 1775 et mort en 1851, cet artiste était polyvalent : graveur, peintre, aquarelliste.

Passionné par l’eau depuis toujours, il peint en mixant humain et paysage. Turner mènera une brillante carrière dans la Royal Academy à Londres.

Peintre romantique à ses débuts, il montrera ensuite un style plus lumineux et un fort travail des couleurs, le plaçant ainsi comme un précurseur de l’impressionnisme.
 

Quelques mots sur la toile

Lors de la bataille de Trafalgar, le bateau de l’amiral Nelson sombre en mer. Le Téméraire vient alors à son secours. Pour tous les Anglais, ce bateau est victorieux, courageux. Voué ensuite à la destruction, la toile représente son dernier voyage. Tous les traits sont flous, renforçant ainsi la sensation d’évaporation, de fin. Même le jour décline et va bientôt mourir puisqu’un coucher de soleil est représenté, malgré un ciel grandiose pour accompagner le navire.
 

 


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Le Radeau de la Méduse, de Géricault

 

Quelques mots sur l’auteur, Théodore Géricault

À la fois peintre et lithographe, Géricault est considéré comme le premier des romantiques et comme le précurseur du réalisme. Né en 1791 et mort en 1824, cet artiste français est attiré très tôt par la peinture : il avait pour habitude d’emporter son chevalet lorsqu’il allait au Louvre afin de copier certaines grandes œuvres, notamment celles des peintres de la Renaissance italienne. Outre son attrait pour l’art, il est un véritable passionné des chevaux, qui apparaissent d’ailleurs fréquemment dans ses tableaux : Officier de chasseurs à cheval de la Garde impériale chargeant, Cuirassier blessé quittant le feu,  la Course des chevaux libres, Course de chevaux à Epsom…

Lors d’un voyage en Italie, il admire le travail de Michel-Ange et de Raphaël. Dès son retour en France, il s’attèle à la création de sa toile Le Radeau de la Méduse. Il travaille en parallèle comme portraitistes d’enfants et se perfectionne dans la représentation animalière, outre les chevaux.
 

 

Quelques mots sur la toile

Réalisé en 1818 et 1819, Le Radeau de la Méduse est aujourd’hui considéré comme une des plus grandes œuvres de la peinture moderne et un manifeste du Romantisme. Elle relate la sinistre histoire du naufrage de la frégate “La Méduse” au large de la Mauritanie, en 1816. Alors qu’elle s’apprêtait à coloniser le Sénégal, la frégate (avec 400 hommes à bord) s’échoue sur des bancs de sable.

La scène représentée est apocalyptique et effroyable. Échoués, les survivants du bateau vont construire un navire, mais vont mettre des jours à rallier la terre ferme. Durant ce temps, ils ont faim, soif, finissent par s’entretuer et sombrer dans la folie. Le travail de l’artiste n’est pas dû au hasard : il a travaillé durant 3 ans sur ce tableau. Il est allé interroger les survivants, a réalisé des maquettes, nombre d’esquisses préparatoires et s’est même rendu à la morgue afin d’examiner les cadavres ! 

L'œuvre monumentale de 5 mètres par 7 est exceptionnelle. Sa noirceur laisse tout de même entrevoir un travail précis, d’une grande finesse et une maîtrise parfaite des clairs-obscurs.

Son ami Eugène Delacroix est représenté sur le tableau, il a posé pour être vu face contre le radeau, à moitié mort.

Seul petit espoir dans toute cette tragédie, un bateau se dessine au loin. C’est l’Argus qui sauvera les rares survivants.

 

Voilà pour ces exemples de toiles de style romantique. Difficile de se dire que le dernier tableau évoqué soit romantique tant il est terrifiant. Et pourtant… La semaine prochaine, nous parlerons des plus célèbres toiles de style impressionniste et post-impressionniste.

A la semaine prochaine !

René Milone

René