L’usage d'un fixatif : pour ou contre ?

Je suis certain que vous avez déjà réagi en voyant le titre de cet article. En effet, l’utilisation d’un fixatif est une évidence pour tous ceux qui en utilisent et une aberration pour ceux qui n’y ont jamais recours.

Il existe presque autant de fixatifs que de supports. Vous en trouverez très facilement pour le fusain, le pastel, la cire, l’acrylique, le crayon…

Si plusieurs formes sont possibles, le fixatif en aérosol est le plus répandu. Il faut avouer qu’il est particulièrement pratique.

Alors, pour ou contre l’usage d’un fixatif ?

 

 

C’est quoi un fixatif ?

 

Comme son nom l’indique, il sert à fixer les créations. 

Il stabilise les pigments (pastels et fusains entre autres) et agit comme un véritable protecteur. Il a le même rôle que le vernis qui protège les peintures à l’huile et les peintures acryliques.

Le fixatif est utilisé pour le dessin. Il évite à vos créations aux pastels, aux crayons, à l’encre de Chine… de s’altérer.

Autrefois fabriqué avec des résines naturelles comme la gomme-laque ou la gomme Dammar, il est aujourd’hui composé de résines synthétiques comme les acrylo-cétoniques ou les acryliques.

Le fixatif n’est pas un vernis, même s’il a le même rôle. En effet, ce dernier agit comme un bouclier protecteur en surface alors que le fixatif pénètre dans les pigments. La surface restera donc fragile et le dessin devra être manipulé avec précaution.
 

 

Quand et pourquoi utiliser un fixatif ?

 

Comme je vous le disais en introduction, l’usage des fixatifs est très controversé. Si certains ne s’imaginent pas s’en passer, c'est une hérésie pour d’autres.

Ses détracteurs lui reprochent entre autres d’altérer les teintes, de les rendre plus foncées.

Ce qui n’est pas complètement faux d’ailleurs, mais principalement lorsque le fixatif est mal utilisé.

De plus, ses composants chimiques sont également incriminés, ils le rendraient toxique. Là encore, c’est en partie vrai. Cependant, l’utiliser à l’extérieur ou bien aérer la pièce dans laquelle on se trouve permet de diminuer largement cet aspect nocif.

La grande question reste : faut-il faire usage d’un fixatif ou non ?

Je vous répondrais que cela dépend des cas.

 

 

En fonction du papier utilisé

Le papier choisi peut déterminer l’usage ou non du protecteur.

Si vous avez l’habitude d’utiliser des papiers abrasifs pour votre pastel, alors son recours n’est pas une obligation. En effet, ces papiers abrasifs (Pastelmat de Clairefontaine ou Pastel Card de Sennelier) retiennent bien mieux les pigments que les papiers lisses.

La surface granuleuse des premiers agit comme un adhésif qui emprisonne les pigments.

L’usage d’un fixatif peut, dans ce cas, s’avérer superflu. Je vous conseille alors de tapoter légèrement et délicatement le revers de votre papier afin de faire tomber le surplus de pastels. Cela peut être suffisant, mais sachez que votre travail restera néanmoins plus fragile. 
 

En fonction des pastels utilisés

Là encore, différentes possibilités s’offrent à vous. Si vous dessinez avec des pastels très poudreux, je vous conseille fortement de finir votre dessin avec un fixatif.

En revanche, si vous utilisez des pastels très durs qui dégagent moins de poudres volatiles, il n’est pas obligatoire.

Bien sûr, vous pouvez choisir de fixer votre dessin même si vous avez utilisé des pastels durs.

La différence entre les deux est plutôt simple à faire : les pastels très poudreux se retrouvent partout (sur les doigts, dans votre atelier, sur vos vêtements…).

 

En fonction de ce que vous allez faire de votre dessin

Vous souhaitez le garder chez vous et le mettre sous verre ? Alors vous pouvez vous passer de fixateur si vous n’y êtes pas favorable.
Sachez toutefois que son usage peut éviter aux pigments de tomber et de se déposer entre le papier et le verre. Le pastel reste friable et peut se détacher du papier.

Ne collez pas la paroi de verre directement sur le dessin, vous l’abîmeriez.

Par contre, si vous vendez vos œuvres, alors je vous conseille vivement de les fixer auparavant. 

Dans le cas contraire, elles pourraient s’altérer durant le transport et votre client ne recevra pas un dessin aussi beau qu’initialement. Cela serait dommage.

Il en va de même si vous exposez vos réalisations. Il faut alors les transporter jusqu’au lieu d’exposition, puis elles devront faire le trajet retour. Dans ce cas, il serait dommageable de ne pas protéger les pastels si délicats et si précieux.

Vous le voyez, utiliser ou non un fixatif dépend de différents facteurs. Toutefois, certains artistes préfèrent l’utiliser, quels que soient les usages, les papiers et les pastels utilisés.
 

 

Comment utiliser un fixatif ?

 

Afin d’en limiter les inconvénients, il est indispensable de parfaitement utiliser les aérosols. Je parle volontairement de ce support, car il reste le plus largement usité et le plus pratique. Les autres formes sont difficiles à manier et peuvent davantage altérer le dessin.

Comment faire ?

  1. Mettez votre tableau à la verticale et protégez ce qui se trouve autour (avec des cartons par exemple). Disposer le tableau ainsi évite de faire tomber des gouttelettes de produit dessus.
  2. Placez-vous à 40 cm environ de la surface à bomber.
  3. Faites une petite pulvérisation à côté du tableau pour vous assurer que la bombe fonctionne correctement (surtout si elle est neuve ou très ancienne).
  4. Pulvérisez en formant des zigzags en commençant en haut à gauche et en descendant progressivement en allant de gauche à droite. Ayez la main légère !
  5. Pour terminer, posez votre tableau à l’horizontale et placez un carton derrière. Pulvérisez en visant le carton, mais en plaçant votre bombe devant le tableau afin d’être certain que des gouttes de fixatif ne tombent pas dessus. Le fixatif va se répandre délicatement sur toute la surface à couvrir. Cette dernière étape est facultative et concerne en particulier les dessins destinés à être transportés.

Si vous pulvérisez de trop près, vous risquez de laisser des taches disgracieuses ou de foncer les couleurs. En séchant, cela va s’atténuer, mais les couleurs resteront différentes du rendu initial.
 

Quelques idées shopping

 

  • fixatif Latour Sennelier pour pastels secs, aérosol de 400 ml, 13,80 € ;
  • fixatif Sennelier d’Artigny pour pastels à l’huile, aérosol de 400 ml, 13,80 € ;
  • fixatif concentré Talens, flacon de 75 ml, 41,15 € ;
  • fixatif crayon et fusain Lefranc & Bourgeois, aérosol de 400 ml, 8,75 € ;
  • fixatif HC10 Sennelier, haute concentration pour toutes les techniques, aérosol de 400 ml, 21,95 € ;
     

 

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Petits conseils

 

Ne gardez pas vos bombes de fixatif trop longtemps, elles pourraient s’endommager. Ainsi, les pulvérisations seront moins régulières et de grosses gouttes pourraient s'échapper de l’aérosol. 

Certains artistes font un autre usage du fixatif. Il est en effet parfois utilisé lorsque le papier est saturé de pigments. Il devient alors difficile, voire impossible de superposer des couches supplémentaires. Le fixatif permet, dans ce cas, de faire accrocher les pigments ajoutés.

Je vous déconseille d’utiliser de la laque. Cette pratique est assez répandue et on trouve parfois ce “truc” sur internet pour remplacer l’achat d’une bombe aérosol de fixatif. C’est une mauvaise idée. Elle n’est pas destinée à cela et modifie les couleurs des pastels. Une bombe de fixatif ne représente pas un achat très onéreux : il vaut donc mieux se procurer et utiliser le produit qui convient.

Pour protéger vos dessins, si vous les rangez par exemple, vous pouvez également les alterner avec une feuille de papier cristal. Elle permet d’éviter les frottements et protège les pigments.
 

 

J’espère vous avoir éclairé sur l’utilisation ou non des fixatifs. Malgré tous ces conseils, vous restez le seul juge : à vous de voir si vous ne voulez absolument pas en faire usage ou si, au contraire, vous pensez qu’il est très utile.

Retenez toutefois qu’une bonne utilisation reste primordiale pour éviter les différents inconvénients qu’il présente.

 

René Milone

René