Peindre à la façon de Paul Gauguin

Artiste de la couleur s’il en est, Paul Gauguin adorait comparer l’art de la peinture à celui de la musique. Chaque teinte est une note et il va de soi qu’elles doivent s’accorder. Si l’on pense d’emblée à ses toiles représentant des sujets polynésiens, l’artiste a eu une première vie avant son départ pour l’autre bout du monde. 

Gauguin, c’est avant tout une façon de peindre et une harmonie des couleurs.

 

Paul Gauguin, une vie, des oeuvres

 

La vie privée de Paul Gauguin

Eugène Henri Paul Gauguin est né le 7 juin 1848 à Paris. Il est le fils de Clovis Louis Pierre Guillaume, journaliste, et de Aline Chazal, fille de nobles péruviens. Il passe d’ailleurs une partie de son enfance à Lima. Il revient en France lorsqu’il a 7 ans et débute des études à Orléans. Il tente le concours d’entrée à l’École navale, mais le rate, à 2 reprises. Il embarque toutefois pour la Marine, comme novice en 1865. Il la quitte 6 ans plus tard pour devenir agent de change à la Bourse de Paris. Un virage à 180° ! Ces affaires marchent et côté privé, il est marié à la danoise Mette-Sophie Gad dont il a 5 enfants : Émile, Aline, Clovis, Jean-René et Paul-Rollon. Il peint en amateur depuis 1874.

Autoportrait 1875

Une faillite en 1882 l’oblige à se retirer du monde des affaires. Il se consacre alors uniquement à la peinture, la passion que lui a transmise Gustave Arosa. Malheureusement, il ne rencontre pas le succès et ne parvient pas à vivre de ses toiles. Il part alors à Copenhague dans sa belle-famille et devient représentant. Là encore, les affaires ne fonctionnent pas et, désargenté, ses liens avec sa famille et sa belle-famille deviennent compliqués.

Il décide de repartir seul à Paris pour retourner à la peinture. 

En janvier 1885, il part vivre à Rouen (un grand voyageur ce Gauguin !) pour retrouver Camille Pissarro, qu’il admire. En quelques mois, il peint des dizaines de tableaux et s’essaie également à la céramique.

Il effectue des séjours ponctuels à Pont-Aven et fera partie d’un groupe de peintres appelé l’École de Pont-Aven. La Bretagne et ses artistes seront une véritable révélation pour Gauguin.

En 1888, il part à Arles où Vincent Van Gogh vient de l’inviter. Les 2 artistes connaissent des moments de dépression et tenteront tous deux de se suicider. Toutefois, les amis deviennent de véritables ennemis et enchaînent les conflits. Fin 1888, Van Gogh s’automutile en se coupant l’oreille. Le mystère reste entier sur cet épisode, Van Gogh souhaitait-il tuer Gauguin ?

Le Christ jaune, l'influence de Van Gogh dans les oeuvres de Gauguin

 

Quoi qu’il en soit, ce dernier rejoint Paris puis reprend ses séjours ponctuels à Pont-Aven. 

Ne parvenant pas à vivre de son art, Gauguin quitte la métropole pour aller vivre en Polynésie. Il pose ses valises à Papeete, à Tahiti en juin 1891. Il rencontre Teha'amana qui deviendra sa compagne et son modèle. Il ne recherche plus un réalisme à tout prix dans ses toiles, mais préfère les formes simples et créatives, rejetant dans le même temps l’art occidental. Sa vie privée avec Teha'amana semble s’arrêter lorsqu’il entame une relation avec une vahiné de 14 ans.

Gauguin décide de revenir en France 2 ans plus tard, où une exposition lui est consacrée. Encore une fois, ses tableaux sont très critiqués. En 1895, il retourne à Tahiti et s’installe avec une nouvelle campagne qui lui donnera un autre enfant, Émile, en 1899.

Fuyant le colonialisme français, il quitte Tahiti pour rejoindre les îles Marquises en 1901. Il aura un autre enfant avec sa nouvelle concubine Marie-Rose Vaeoho, âgée de seulement 13 ans. Il vit alors en dehors de toutes réalités et, atteint de syphilis, il souffre d’une blessure à la jambe qui ne guérit pas. Il meurt le 8 mai 1903, aux îles Marquises donc, d’une crise cardiaque sans doute due à une prise excessive de morphine. L’artiste meurt malade, seul et pauvre. 

Quelle vie ce Gauguin ! Et encore, je n’ai pas fait un récit exhaustif de toute sa vie et de tous ces déménagements… Paul Gauguin a énormément voyagé de sa naissance à sa mort et n’est jamais resté plus que quelques années au même endroit. 

Ses rencontres et ses lieux de vie ont déterminé sa vie professionnelle et sa façon de peindre.
 

Les périodes du maître


La période impressionniste (1874-1886)

En 1874, Paul Gauguin visite une exposition de toiles impressionnistes avec Pissarro. Sur les conseils de ce dernier, le peintre amateur fréquente l’académie de Filippo Colarossi et expose ses toiles à son tour. Après sa faillite, il ne fait plus que peindre, mais ne parvient pas faire vivre sa famille.

La Seine au Pont Iena

La période synthétisme (1886-1891)

Le symbolisme et sa variante qu’est le synthétisme intéressent particulièrement le peintre qui se détourne alors de l’impressionnisme. C’est à Pont-Aven qu’il rencontre Émile Bernard, grand représentant du synthétisme. La façon de peindre de Gauguin évolue et il peint maintenant de grands aplats de couleurs pures.

Il s’essaie à plusieurs styles et tente même le pointillisme lors d’un séjour à la Martinique en 1887. Le synthétisme restera son style de prédilection.

La vision après le sermon

La Polynésie (1891-1903)

Sa peinture devient plus primitive. Certains pensent que ses toiles recherchent une pureté créative tirée des cultures traditionnelles de l’Afrique et de la Polynésie.

Alors qu’il est malade, dès 1897, il réalise une peinture monumentale (139cm x 374cm) qui semble être une sorte de testament qu’il souhaite laisser. Cette toile, exposée au Museum of Fine Arts de Boston est intitulée D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?

Vairumati

Les oeuvres de Paul Gauguin

 

Impossible d’être exhaustif tant l’artiste a été prolifique, mais voici quelques toiles marquantes de son œuvre :

  • La rue Jouvenet à Rouen, en 1884 ;
  • La Vision après le sermon ou La Lutte de Jacob avec l’ange, en 1888 ;
  • Van Gogh peignant des tournesols, en 1888 ;
  • La Ronde des petites Bretonnes, en 1888 ;
  • Le Christ Jaune, en 1889 ;
  • La Orana Maria, (Je vous salue Marie), en 1891 ;
  • Femmes de Tahiti, en 1891 ;
  • Manao Tupapau, (L’Esprit des morts veille), en 1892 ;
  • Nafea faa ipoipo, (Quand te maries-tu ?), en 1892 ;
  • Arearea, (« Joyeusetés »), en 1892 ;
  • Autoportrait au chapeau, en 1893 ;
  • D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? En 1897.
     


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Comment peindre comme Gauguin ?

 

Vous l’avez vu, cet artiste a connu plusieurs périodes durant sa vie. Toutefois, si vous souhaitez peindre à sa façon, le travail des couleurs est primordial. 

Difficile de définir sa façon de peindre, car, rappelons-le, il n’a jamais vraiment appris, mais a toujours peint en amateur. Durant toute sa vie, il a puisé son style changeant en fonction de son environnement et au gré de ses rencontres (en particulier celles avec de grands peintres). 
 

Ses styles de peinture

Il commence à peindre après avoir observé avec attention les tableaux que possède son tuteur Gustave Arosa (Delacroix, Courbet, Pissarro). Il admire aussi le travail de Cézanne, de Raphaël et d’Ingres.

À ses débuts, il adopte un style proche de celui des impressionnistes. Pour peindre à sa façon durant cette période, il vous faudra donc peindre avec ce style largement référencé.

Dès les premières années, Paul Gauguin s’attache tout particulièrement au travail de la couleur. C’est d’ailleurs un des rares fils conducteurs de toutes ses inspirations changeantes. La couleur doit être pure. Au départ, il peint des couleurs proches les unes des autres. Au fil du temps, et parce qu’il rejette violemment tout ce qui vient de l’occident, il peint des couleurs vives, pures et intenses en réalisant de larges aplats (synthétisme). Il ne s’attache plus à dépeindre des formes et des couleurs réalistes, mais il cherche à ressentir les teintes. Il explique par exemple qu’à Pont-Aven, il voit les couleurs à exécuter lorsqu’il entend le bruit des sabots des Bretonnes qui dansent. La couleur est semblable à la musique. Le trait non plus n’a plus d’importance, il sert uniquement à rythmer les compositions. 
Il pratique le cloisonnisme : les couleurs ne se mêlent plus, mais s’enchevêtrent les unes dans les autres. La couleur devient spirituelle : l’herbe est bleue, les arbres sont violets et cela n’a aucune importance, il sent la couleur.

Il aime aussi s’inspirer des estampes japonaises, des vitraux d’église, du primitif, des légendes… 

 

Peindre comme Gauguin

Pour peindre comme Gauguin, je vous conseillerais donc de ressentir les choses et de ne pas vous attacher aux réalismes des sujets, des couleurs et du contexte. 

Peignez en simplifiant les formes au maximum, les réalités et les détails n’ont pas d’importance. Créez de grands aplats de couleurs vives et cherchez une sorte d’effet primitif.

Rappelons-nous également que ses toiles sont teintées de mélancolie. 

 

 

Voilà, vous savez tout sur cet artiste à la vie extrêmement riche, qui contraste largement avec le dénuement dans lequel il se trouvait à sa mort. 

Boudé par ses pairs et les critiques, le travail de Paul Gauguin mérite cependant que l’on s’y intéresse. Qu'en pensez-vous ?

À vos pinceaux !
 

 

René Milone

René