Technique chinoise du Mogu : travailler en masses plutôt qu’en contours

Connaissez-vous la technique de peinture chinoise du Mogu ? 

Comme le titre l’indique, cette technique permet de travailler en masses plutôt qu’en contours.

Cette façon de peindre laisse de côté la définition des contours ainsi que des lignes de structures.

Si elle devait être rapprochée à la peinture occidentale, elle pourrait être comparée à l'aquarelle.

La peinture est appliquée directement sur le support.

 

La peinture chinoise

 

Généralités

Commençons notre aventure par un petit (je vais essayer) mot sur la peinture chinoise dans sa globalité.

Vous le savez, la peinture chinoise est un art millénaire qui a su parfaitement traverser les siècles.

Les Chinois sont d’excellents peintres. Ils maîtrisent non seulement de nombreuses techniques de peinture, mais ils réalisent généralement leurs propres supports (papier, soie…) ainsi que leurs propres couleurs en mélangeant des pigments et des liants.

Méticuleux et appliqués, ils sont largement polyvalents et sont très attachés au respect des méthodes ancestrales.

Contrairement à la peinture occidentale, la peinture chinoise n’a pas pour but unique de représenter un sujet, un paysage, elle traduit plus profondément une pensée.

Le rendu est souvent empreint d’une grande finesse et d’une grande poésie.

 

Supports et pinceaux de la peinture chinoise

Généralement présentée sous forme de rouleaux, la peinture chinoise est également très présente dans les temples, les palais, sur des paravents ou encore sur les éventails, accessoires incontournables.

Outre les supports, les pinceaux sont tout aussi raffinés. Il faut bien reconnaître que les pinceaux chinois sont superbes, presque des œuvres d’art à eux seuls. Oui, je sais, je m’égare souvent lorsque je parle de l’art asiatique !

Bref, ces magnifiques pinceaux servent tout autant à la peinture qu’à la calligraphie, deux arts primordiaux dans la culture asiatique.
 

Les différentes techniques de la peinture chinoise

Si nous parlons ici du Mogu, sachez qu’il existe différentes techniques de peinture chinoise. Citons par exemple :

  • le Gong Bi (travail au pinceau ou au crayon) ;
  • le lavis (peinture à l’encre et à l’eau)
  • le Xieyi hua (dessin d’intention) ;
  • le Mogu, qui nous intéresse aujourd’hui ;
  • le Baimiao hua (dessin blanc) ;
  • le Dunhuang bi hua (fresques) ;
  • le Zhongcai hua (peintures aux couleurs denses).

Pivoines - Wang Hui

 

Le Mogu, définition

 

Aussi appelé Meigu ou Mogu huazhi, il signifie littéralement “sans os”. Le terme “os” est un mot que l'on retrouve régulièrement dans les peintures asiatiques.

En effet, dans un article précédemment sur les techniques japonaises, vous avez vu que la technique mokkotsuga signifiait “peinture sans os”.

L’os se rapporte ici à l’ossature, aux contours de la peinture, du dessin.

Sans os, signifie donc sans ossature.

Le sujet, quel qu'il soit, est défini uniquement par la forme et la couleur qui lui est donnée.

Le Mogu se distingue des autres techniques de peinture par sa finesse et sa précision méticuleuse.

C’est à ce titre qu’il se rapproche de la technique du Gong Bi, signifiant pinceau soigneux. Cependant, il s’en distingue par le fait que le Gong Bi trace des contours très précis de la peinture.

Si l’on compare une peinture Gong Bi et une peinture Mogu, la similarité autant que la différence sautent aux yeux. Ils paraissent identiques tout en étant très différents, car les contours sont largement visibles dans la technique du Gong Bi, alors qu’ils sont inexistants dans le Mogu.

Ce serait le peintre Huang Quan qui a créé cette technique durant la Période des Cinq Dynasties et des Dix Royaumes, au Xe siècle. Il l’appelle alors le Mogu huazhi (rameaux florifères sans os).

Cependant, il serait également possible selon certains documents que ce soit Zhang Sengyou (de la dynastie Liang) qui soit à l’origine de cette technique en 557. Huang Quan n’aurait alors fait que la perfectionner.

Difficile de savoir exactement son origine donc.

 

Le Mogu, la technique

 

Entrons dans le vif du sujet en parlant de la technique du Mogu.

Le matériel

Tout d’abord, parlons du support. Pour réaliser du Mogu, il est important d’utiliser un support non absorbant.

Le Xuan Zhi (papier de riz) est largement utilisé dans la peinture et la calligraphie chinoise. Il en existe de 2 sortes :

  • le Sheng Xuan : papier absorbant ;
  • le Shu Xuan : papier non absorbant.

Vous aurez deviné que dans le Mogu, le Shu Xuan doit être utilisé.

En ce qui concerne les pinceaux (les Bai Yun), ce sont les mêmes que pour la technique du Gong Bi. Seuls les pinceaux extrêmement fins destinés au tracé des contours ne seront pas utilisés.

Généralement, un pinceau sert à appliquer la couleur et un autre à la nuancer en apportant l’eau dont il est imbibé.

 

Avant de vous découvrir les différentes étapes pour peindre un mogu, je vous rappelle qu'en ce moment vous pouvez rejoindre la formation "La Peinture c'est Facile!". Et profiter de plus de 400 heures de cours de peinture.

Si ça vous intéresse, vous pouvez cliquer ici pour profiter de 7 jours d'essai offerts en cliquant ici :

 

Les étapes à respecter pour peindre un Mogu

Vous vous demandez sans doute depuis le début de cet article comment il est possible de peindre des sujets minutieux et avec précision sans en esquisser les contours au préalable.

C’est ici que réside la subtilité du Mogu.


1. Le croquis

Un croquis des contours doit être réalisé. 

Sur une feuille simple, dessinez le motif, le sujet que vous souhaitez représenter. Ne dessinez que les contours précis avec le plus de détails possible.

Ensuite, il y a 2 techniques possibles pour les reporter sur votre Shu Xuan :

  • utilisez le principe du calque : placez votre croquis sous votre papier non absorbant. Normalement, vous pouvez distinguer clairement votre croquis à travers le Shu Xuan ;
  • la deuxième méthode est assez simple également : placez votre croquis par-dessus votre Shu Xuan. Ensuite, repassez sur chacun de vos contours en appuyant assez fortement votre crayon de papier. L’objectif est de “tatouer” la feuille du dessous.

Si le croquis n’est pas votre fort ou que vous souhaitez des motifs plus complexes, sachez que des dessins sont disponibles sur de nombreux sites internet.

Il vous est donc possible de les imprimer pour réaliser votre Mogu.

Un excellent moyen de découvrir ce procédé.

 


2. La peinture

Une fois les contours visibles par tatouage ou par transparence, il vous faut maintenant appliquer votre peinture directement sur le papier.

La peinture se fait en 2 temps, comme nous l’avons vu dans le paragraphe sur le matériel, sur les pinceaux en particulier.

En premier lieu, appliquez la couleur que vous souhaitez à l’aide d’un Bai Yun (pinceau). Utilisez-en ensuite un deuxième (gorgé d’eau) pour nuancer, diluer ou dégrader la couleur que vous venez de peindre. 

On retrouve 3 méthodes de peintures pour le Mogu :

  • le Xuan-Ran, la couleur par étalement ;
  • le Dian-Ran, la coloration par points ;
  • le Tian-Ran, la coloration en remplissant les couleurs.

Pour cumuler les teintes, attendez que la couche précédente soit parfaitement sèche.

 

Voilà pour cet article sur la technique chinoise du Mogu.

J’espère qu’il vous aura intéressé et appris quelques petites choses nouvelles. J’ai tenu à noter certains mots avec leur nom chinois, car il me paraît essentiel de conserver une âme à cette technique et de rendre hommage à cet art séculaire.

N’hésitez pas à laisser quelques commentaires et à vous essayer à cette peinture fort intéressante.

Comme expliqué précédemment, la peinture chinoise est assez différente de la peinture occidentale.

Soyons ouverts et attentifs à toute forme d’art et de procédés.

La peinture asiatique est tout aussi belle que la peinture occidentale. Elle a, je pense, “ce petit truc en plus” particulièrement poétique.

Elle est une vraie gourmandise pour les yeux et elle est à déguster sans modération.

À vos pinceaux (asiatiques bien sûr !)...



René Milone

René