Utiliser l'estampe dans ses peintures : ce que l'on peut faire

Connaissez-vous les estampes ? Oui, bien sûr ! Cette technique artistique apparaît en Orient dès le Ve siècle. Les estampes japonaises sont particulièrement connues et elles ont séduit les peintres occidentaux vers 1850. Ce procédé artistique permet de reproduire plusieurs fois une même œuvre, gravée selon différentes techniques. Je vous parle ici de l’histoire de l'estampe ainsi que son utilisation dans la peinture. 
 

 

Qu’est ce qu’une estampe ?

 

Définition d’une estampe

Selon Wikipédia, une estampe est :

Le mot « estampe » déjà utilisé en ancien français sous les formes « estampe, estanpe, stampe » vient de l'italien stampa (impression, tirage, presse, estampe) dont l'étymologie d'origine germanique vient de stampjan ou du francique stampôn (« écraser, frapper ») qui a donné stampfen en allemand (« frapper du pied »).

Si cette définition n’est pas très simple à comprendre, nous pourrions résumer l’estampe au résultat de l’impression d’une gravure, d’une matrice. Certaines autres définitions font état plus simplement d’une réalisation à l’encre à partir d’une matrice. L’image devient donc multipliable puisque la base est réutilisable.

 

Les différentes estampes

3 types d’estampes sont répertoriées :

  • l’estampe en relief (ou taille d’épargne). Ici, la partie en relief est recouverte d’encre puis apposée sur le support choisi en exerçant une forte pression. C’est le principe des tampons que nous avons tous connus lorsque nous étions petits. Oui, c’est un peu loin pour certains… Les techniques utilisées dans ce type de procédés sont : la xylographie (gravure sur bois), la linogravure (gravure du linoléum), le criblé (plaque métallique), le bois de fil ou encore le bois de bout ;
     
  • l’estampe en creux (ou taille-douce). C’est le contraire de l’estampe en relief. Ici la matrice est marquée en retirant de la matière, soit à l’aide d’outils, soit chimiquement. L’encre est ensuite introduite dans les creux laissés par la gravure puis la matrice est pressée sur le support pour laisser une trace grâce à l’encre. La gravure est obtenue par chalcographie (sur cuivre) ;
     
  • l’estampe à plat (lithographie). C’est la technique la plus récente. Elle apparaît vers le XIXe siècle. Il n’y a ni creux ni relief, tout se trouve sur le même plan. C’est pourquoi ce n’est pas vraiment de la gravure, de l’estampe pour certains. Pourtant la lithographie permet la reproduction exacte d’une œuvre à plusieurs reprises. Les lithographies sont généralement des éditions limitées. Elles sont réalisées grâce à des pierres lithographiques en carbonate de chaux. Le dessin est obtenu par apposition d’une substance grasse, craie ou encre, ensuite exposée à l’eau (c’est l’antagonisme de ces 2 matières qui produit le dessin).
     

 

Histoire de l’estampe à travers le temps

 

Sa petite histoire

Ou plutôt devrais-je dire sa grande histoire puisqu’elle fait son apparition en Orient dès le Ve siècle. Il faudra attendre le XIIIe pour voir l’estampe pointer le bout de son nez en Europe.

À cette époque, elle sert principalement à reproduire une image à grande échelle. Il existe alors peu de textes, car la majorité de la population ne sait pas lire. Le dessin reste alors le moyen le plus simple de faire passer un message. Comme souvent dans l’art, les débuts de cette technique sont particulièrement dévolus à la religion. Viennent ensuite les messages politiques puis commerciaux. L’estampe est liée à l’histoire du livre.

 

Les artistes et l’estampe

De nombreux artistes ont eu recours à l’art de l’estampe :

  • Albrecht Dürer ;
  • Lucas de Leyde ;
  • Johan Barthold Jongkind ;
  • Francisco de Goya ;
  • Hokusai ;
  • Gauguin ;
  • Salvador Dalí…

 

Femme enlevée par un cheval - Francisco de Goya (1816-1823)

 

Les estampes japonaises

Difficile de parler d’estampes, sans évoquer les gravures japonaises. D’ailleurs, de nombreux peintres célèbres se sont ensuite inspirés de cette technique. À cette époque, les gravures sont réalisées sur bois de cerisier. Les sujets récurrents sont les paysages, les scènes de la vie quotidienne ou encore les personnages.

Seuls les maîtres-graveurs impriment les dessins réalisés par les artistes. L’estampe qui reste sans doute la plus connue est La Grande Vague de Kanagawa de Hokusai. Eh oui, encore elle ! Cette technique d’estampe est appelée ukiyo-e. Cela signifie que la gravure faite sur le bois est imprimée sur papier. Cette estampe date de 1830. 

Outre sa grande beauté, elle a la particularité d’être une des premières à utiliser le Bleu de Prusse, alors peu répandu, en particulier pour les estampes. 

=> Découvrez la peinture japonaise dans cet article https://www.milone-art-academy.com/article/la-peinture-japonaise-techniques-et-concepts/

Hashiguchi Goyō, Pluie du soir à Azumi-no Mori, 1917-1918 (copie d'après Utagawa Hiroshige)

 

Pourquoi et comment utiliser l’estampe dans ses peintures ?

 

L’influence de l’estampe pour les peintres

En Europe, de nombreux peintres se sont inspirés de la technique de l’estampe. En particulier de celle de Hokusai. Elle a réellement eu un impact fort en Occident. Ce que l’on appelle alors le japonisme débute dès 1850. Les impressionnistes sont les premiers à s’intéresser à ce courant, ils sont séduits par les aplats de couleur. 

Claude Monet consacrera une collection complète de 231 estampes, dont un exemplaire de La Grande Vague.

L’influence du Japon connaît son apogée à partir de 1870, après les expositions universelles de Paris et de Londres.  Les estampes ukiyo-e font l'unanimité chez les peintres de cette époque. En plus de Katsushika Hokusai, Utagawa Hiroshige attire les faveurs des artistes. Van Gogh va, par exemple, reproduire certaines estampes de Hiroshige. 

D’autres artistes-peintres vont s’inspirer de l’art japonais, citons par exemple Toulouse-Lautrec, Cézanne ou encore Degas. Avec le principe de l’estampe, les peintres se libèrent du carcan de la perspective parfaite et du travail fastidieux des dimensions, car ces notions n’ont que peu d’importance dans le processus.

 

Pourquoi les peintres s’intéressent-ils à l’estampe ?

L’estampe, comme nous l’avons vu, permet de reproduire presque à l’infini une œuvre. Le but des artistes n’est évidemment pas de reproduire à l’infini : cela pourrait faire perdre toute sa valeur à l'œuvre. En revanche, le fait de produire plusieurs peintures à partir de la même gravure permet de rendre le travail de l’artiste plus facilement à la portée de toutes les bourses. Une œuvre unique peut, vous le savez, être vendue à prix d’or. Certains tableaux sont cédés à plusieurs millions d’euros. Or, si elle n’est plus unique, sa valeur va diminuer. Elle devient alors accessible à un plus grand nombre de collectionneurs.
 

Avant de retrouver mon dernier conseil et quelques astuces, je souhaite vous rappeller qu'en ce moment vous pouvez rejoindre la formation " La Peinture c'est Facile! "  ! Et profiter de plus de 400 heures de cours de peinture.

Si ça vous intéresse, vous pouvez cliquer ici pour profiter de 7 jours d'essai offerts en cliquant ici :

 

 

Comment utiliser la technique de l’estampe dans vos peintures ?


Certains points spécifiques à l’estampe peuvent être repris dans la réalisation de vos toiles :

  • les aplats de couleur ;
  • opter pour un cadrage serré, décentré et pourquoi pas faire sortir une partie du sujet de son cadre (nous l’avions vu dans de précédents articles) ;
  • le fait de se libérer des règles plus traditionnelles de la peinture ;
  • une palette de couleurs très riche ;
  • créer des compositions plus à plat. La profondeur, la perspective parfaites ne sont plus au centre de l’intérêt ;
  • l’utilisation des lignes grasses. C’est le procédé lui-même qui produit des lignes épaisses. En effet, le dessin part initialement d’une gravure, il est donc indispensable de créer des lignes fortes, qui seront clairement identifiées lors du processus d’impression.
     


Vous l’avez vu, l’estampe revêt de nombreux avantages et de nombreux atouts. Elle libère des règles traditionnelles de la peinture et permet de reproduire à plusieurs reprises une même œuvre. Si cette technique, apparue au Ve siècle, a trouvé tout son essor en Orient, elle a également su convaincre de nombreux artistes occidentaux. 

À vos pinceaux !

 

René Milone

René