Comment peindre un trompe-l'oeil ?

Nous avons tous été piégés, au moins une fois dans notre vie, par un trompe-l'œil. Un personnage qui semble sortir d’un tableau, un énorme trou au beau milieu d’une rue ou encore une fenêtre donnant sur la mer en plein Paris.

Les tromperies visuelles ne manquent pas et, lorsqu’elles sont parfaitement réalisées, elles sont toujours spectaculaires et saisissantes. Il faut alors quelques secondes à notre cerveau pour faire la part entre le vrai et le faux.

Nous nous intéresserons donc aujourd’hui à cette peinture hors-norme.

 

 

L’art du trompe-l’oeil

 

Définition

Commençons par définir ce qu’est cette technique. Wikipédia la définit ainsi :

“ Le trompe-l'œil est un genre pictural destiné à jouer sur la confusion de la perception du spectateur qui, sachant qu'il est devant un tableau, une surface plane peinte, est malgré tout, trompé sur les moyens d'obtenir cette illusion ”.

Ce rendu stupéfiant est généralement obtenu grâce à une parfaite maîtrise des perspectives.

C’est en effet l’effet 3D du dessin qui sème le doute dans notre esprit.
 

Le trompe-l’oeil, un art pas si récent

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cet art n’est pas contemporain.

Autrefois, les décorateurs romains, qui disposaient de peu de moyens, utilisaient cette technique pour simuler des reliefs, des matériaux précieux comme le marbre ou encore des sculptures. Ainsi, ils réalisaient de substantielles économies. 

On retrouve également trace de trompe-l'œil en 1305 à Padoue pour la décoration de la chapelle Scrovegni.

Durant les siècles suivants, il est régulièrement exécuté par de nombreux artistes, y compris par Michel-Ange lorsqu’il peint l’iconique plafond de la chapelle Sixtine.

Un des artistes les plus prolifiques reste Cornelis Norbertus Gysbrechts.

Le trompe-l'œil est aujourd’hui largement reproduit pour diverses utilisations : imitation de marbre, de bois, impression d’espace, jeu de profondeur…

Cornelis Norbertus Gysbrechts

 

Le trompe-l’oeil et le Street-art

Les graffeurs se sont également emparés de ce procédé pour égayer certains murs urbains un peu moroses, dans les banlieues notamment. 

Certaines œuvres de Street-art sont à couper le souffle. Je pense en particulier au panoramique du Mur des Canuts à Lyon Croix Rousse.

Ce trompe-l'œil (le plus grand d’Europe avec ses 1 200 m2 de mur aveugle) est aussi spectaculaire à voir en photo que dans la réalité. 

Pour la petite anecdote, sachez que cette fresque est rénovée environ tous les 10 ans et qu’elle évolue en s’adaptant à son temps afin de toujours sembler actuelle. 

Si vous vous baladez dans ce secteur lors de vos prochaines vacances, je ne peux que vous conseiller de faire le détour. Cette fresque représente une vie de quartier et l’on pourrait s’attarder durant des heures sur tous ses détails.

Je ne vous en dévoile pas plus... Le Mur des Canuts est majestueux

 

 

Comment peindre le trompe-l’oeil ?

 

Entrons dans le vif du sujet en découvrant comment peindre cette illusion d’optique.

Pour cela, j’ai utilisé 2 exemples de trompe-l'œil.

 

Nature morte

Ici, le tableau représente des fruits et des légumes posés sur une table avec, en arrière-plan, un mur en bois dont la peinture s’écaille.

Le matériel nécessaire :

  • des peintures acryliques : par exemple Terre de Sienne, jaune, ocre, noir, blanc, camaïeu de bruns, de rouges…
  • une toile en coton ;
  • des brosses Isabey de différentes largeurs ;
  • un pinceau en poil de martre très fin pour plus de précision ;
  • de l’eau.

Pour commencer, réalisez un dessin avec un crayon de papier. Signifiez les délimitations de la table, du mur et des différents fruits et légumes.
Peignez ensuite le fond, c'est-à-dire le mur en bois. Commencez par recouvrir le tout avec la peinture de votre choix, sans chercher à l’unifier, au contraire créez des effets de textures en utilisant différentes couleurs.

L’acrylique sèche rapidement, vous pouvez donc retravailler le fond à votre guise sans risque de détremper la toile. 

Pour créer les effets de vieux bois craquelé et usé, “salissez” votre fond en posant des touches de bruns plus foncés en coulures ou en pointillés pour simuler les effets du temps. Créez des réseaux de craquelures fins, en noir, à l’aide du pinceau en poil de martre très fin.

Ensuite, réalisez les jeux d’ombres en peignant des parties foncées sous vos esquisses de fruits. Pour cela, vous pouvez par exemple utiliser un mélange de noir, de brun et d’eau.

Il est important de définir l’orientation de la lumière avant cette étape afin de prévoir les zones ombrées et foncées en conséquence.

Peignez ensuite les fruits et les légumes avec les couleurs adaptées aux comestibles choisis. 

L’effet trompe-l’oeil sera obtenu grâce au jeu des couleurs suivant l’orientation de la lumière. 

Choisissez les teintes claires pour signifier où frappe la source lumineuse (y compris des zones blanches) puis travaillez les volumes avec les teintes plus foncées.

Si les denrées se superposent les unes à côté des autres, n’oubliez pas de signifier les ombres également sur les fruits et légumes voisins. 

Ce sont ses différences de teintes qui donnent tout le réalisme à la toile. 

Déposez quelques touches de blanc aux endroits où les fruits peuvent briller avec le soleil.

Voilà, votre toile est terminée.
 

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Effet d’un personnage sortant de son cadre

 

Pour illustrer et comprendre facilement la technique évoquée, je vous invite à regarder le tableau de Pere Borrell del Caso, l’huile sur toile Fuyant la critique, peinte en 1874.

Matériel nécessaire :

  • peintures à l’huile : je ne vous conseille pas de couleurs ici, car c’est à vous de choisir le personnage que vous souhaitez représenter ;
  • une toile de coton ;
  • des pinceaux de différentes largeurs ;
  • de l'essence de térébenthine.

Là encore, il est indispensable de commencer par dessiner au crayon de papier votre personnage.

Pour donner l'illusion qu’il sort de la toile, représentez ses mains et une partie de sa tête (et pourquoi pas un pied comme sur le modèle du peintre de référence) sur le cadre.

Dessinez bien sûr également le cadre tout autour de la toile. 

À vous ensuite de peindre le personnage et l’encadrement avec les couleurs de votre choix.

Le plus important reste le jeu des lumières et des ombrages.

Définissez l’orientation de la source lumineuse et disposez les ombres et les lumières en fonction.

Reportez les ombres du personnage sur le cadre (par exemple l’ombre de la main, du coude…).

En haut de votre tableau, centrez votre sujet afin que le haut de sa tête apparaisse sur le cadre et non en dessous.

Vous le voyez sur le tableau d’origine, la lumière vient de la droite du jeune garçon. En conséquence, la partie droite de tout son corps est bien plus claire que la gauche. De même pour son visage qui est très sombre à sa gauche : on distingue à peine cet œil et cette moitié de bouche alors qu’ils sont parfaitement visibles de l’autre côté. 

Ce sont ces détails qui rendent l'œuvre réaliste et saisissante. Bien évidemment, le cadre doré n’est pas réel non plus, il est peint directement sur la toile.

La profondeur est restreinte, le contraste entre l’arrière-plan très sombre et le premier plan clair offre un réalisme stupéfiant.

Avec toutes ses techniques et la maîtrise parfaite de la peinture, des couleurs ainsi que des ombres et des lumières, le spectateur a réellement l’impression que le garçonnet sort de sa cachette.

Street Art à GeorgeTown sur l'île de Penang en Malaisie, un autre style

 

Vous le voyez, les peintures en trompe-l'œil ne sont pas des techniques simples de prime abord.

Elles demandent un parfait travail des profondeurs, des perspectives et des jeux de lumière.

Toutefois, si vous souhaitez vous y risquez, vous avez la possibilité de commencer avec des processus un peu plus simples. Essayez par exemple la représentation de faux marbre, en utilisant un fond blanc légèrement grisé parcouru de veines grises ou noires. 

 

Cet exercice pourrait être un bon début pour cette technique particulière. 

À vos pinceaux !
 

 

 

René Milone

René