Quand on regarde un tableau de Turner, on a souvent l’impression d’entrer dans la lumière. Le ciel y est immense et tout semble flotter. Joseph Mallord William Turner, peintre anglais du mouvement romantique (1775-1851), est surnommé « le peintre de la lumière ». Il a marqué l’histoire de l’art en s’éloignant du réalisme pour se consacrer aux effets de couleur, de lumière et de mouvement. Il a inspiré de nombreux impressionnistes, comme Monet, qui voyaient en lui un véritable précurseur. Dans cet article, je vous propose de découvrir comment peindre à la manière de Turner. Préparez vos pinceaux, on va faire de la lumière notre terrain de jeu !

1/ Choisir son sujet : un ciel qui en impose

Pour peindre comme Turner, cherchez un paysage avec un ciel imposant et une ambiance particulière comme un lever de soleil sur la mer, un orage en montagne, une brume sur un port. L’important, c’est l’atmosphère et non le lieu.

Tournez-vous vers un paysage qui met en valeur la grandeur des éléments naturels : le ciel, une rivière, la mer, des nuages un soir d’orage.

Avant de sortir vos pinceaux, prenez quelques minutes pour observer. Que ressentez-vous ? Une tension ? Une douceur ? Du mystère ? L’idée, ce n’est pas de copier la réalité, mais de transmettre une émotion.
 

Le ciel de Turner que j'ai choisi pour inspiration

2/ Préparer son matériel

Turner utilisait des pigments aujourd’hui interdits, comme le blanc de plomb ou l’orpiment (à base d’arsenic). Si vous le voulez bien, on va donc faire plus simple et plus sain :

• une toile apprêtée (cela permet un séchage plus rapide et plus de luminosité) ;

• des tubes de peintures à l’huile avec des couleurs vives, mais en palette restreinte : bleu cobalt, jaune de Naples, rouge de Mars, vermillon, vert émeraude, rose madère, blanc de zinc (transparent), blanc de titane (opaque), noir d’ivoire ;

• des pinceaux en soie de porc de différentes tailles ;

• une spatule pour mélanger les couleurs ;

• du solvant (sans odeur de préférence), du médium brillant (pour plus de lumière), du siccatif (pour accélérer le séchage) ;

• un crayon ou une sanguine si vous souhaitez esquisser sur la toile.

Bon à savoir : Turner utilisait aussi l’aquarelle, surtout en extérieur. Libre à vous d’essayer les deux techniques !

3/ Commencer par le ciel, évidemment

Le ciel est le cœur de l’ambiance de Turner. Il commençait souvent directement à peindre sur la toile, sans esquisse. Vous pouvez faire pareil ou tracer quelques repères très légers si cela vous rassure.

Travaillez en « mouillé sur mouillé » pour créer un effet brumeux. Pour cela, utilisez très peu de peinture et étirez-là avec un chiffon ou même avec les doigts. Cela permet de fondre les éléments les uns avec les autres, sans traits nets.

Le secret de Turner pour une atmosphère mystérieuse : des couches très fines, presque transparentes, à superposer. Cela garde la lumière intacte et évite l’effet « pâteux ».

4/ Jouer avec les contrastes et les couleurs

Turner utilisait peu de couleurs différentes, mais il savait jouer des contrastes. Il mélangeait des couleurs complémentaires pour créer une tension visuelle : un ciel orangé avec des bleus profonds, une lumière jaune pâle qui tranche sur des gris froids.

Les reflets étaient une de ses grandes forces : ce que le ciel suggère, l’eau le reprend. Une lumière blanche sur un nuage pourra aussi apparaître sur une voile ou une flaque.

Ajoutez les détails (comme les nuages ou les zones très claires) en dernier, avec une peinture plus texturée. Un peu de blanc pur déposé en touches finales peut faire apparaître une lumière saisissante… mais attention à ne pas en abuser !

5/ Capter l’instant avec des gestes rapides

À l’époque de Turner, la photographie n’existait pas. Il fallait faire vite si on voulait capturer l’instant, un ciel fugace ou une lumière particulière. Ou bien avoir une très bonne mémoire…

Gardez bien ça en tête pour peindre à la manière de Turner : vous devez multiplier les touches rapides, mais toujours avec peu de matière. Ce n’est qu’à la fin qu’il ajoutait des touches plus épaisses, pour les reflets ou les zones de lumière intense.

Tout ne sera pas parfait, ça ne fait rien et c’est même cette imprécision qui donnera tout son style au tableau. L’émotion passe souvent par des gestes spontanés.

Pour peindre un ciel et la lumière à la manière de Turner, osez une palette plus vive, des gestes plus libres, des fonds plus flous. Jouez avec les reflets, les superpositions, les contrastes. Et surtout, testez et multipliez vos essais en vous amusant ! Et maintenant, j’aimerais savoir si vous connaissiez le style de Turner et si vous êtes tenté par l’expérience. Dites-moi tout en commentaire !

À vos pinceaux !