Qu’est-ce que la technique du sfumato ?
Le sfumato faisait partie des 7 règles d’or de Léonard de Vinci. Partant du principe que les lignes n’existent pas, le but était d’obtenir une sorte de flou et d’évanescence de la peinture.
La technique du sfumato est caractéristique de la peinture de la Renaissance. Si vous souhaitez vous aussi vous essayer à cette façon de peindre, je vous explique tout ici.
Définition du sfumato
Ce mot italien signifie enfumé. Le sfumato désigne une façon de peindre un peu particulière, qui donne une impression vaporeuse au tableau (ou à certaines zones). En réalité, ce sont ici les contours des sujets qui sont comme “laissés en suspens” et qui donnent une certaine sensation d’imprécision. L’ambiance globale de la toile est particulière, c’est elle qui fait tout le charme de cette technique.
Si Léonard de Vinci est le maître en la matière, son chef-d’œuvre La Joconde est le tableau le plus connu pour ce sfumato.
Léonard de Vinci et le sfumato
Impossible donc de parler de sfumato sans évoquer le génialissime Léonard de Vinci et ses 7 règles d’or.
Extrait de La Vierge et l'Enfant de Léonard de Vinci
Règle 1 : Observer
De Vinci adorait observer tout ce qui se passait autour de lui. Il avait pour habitude de se cacher l’œil droit puis l’œil gauche tour à tour afin d’affiner l’exercice. Ainsi, il pouvait constater que nous ne voyons pas toujours la même chose selon la façon dont nous regardons. La 3 dimension nous permet de percevoir les contours, les profondeurs, les volumes. Tout simplement fascinant.
Règle 2 : Rester fidèle aux nuances de la nature
Le maître conseillait à ses élèves de ne pas trancher les teintes. Le blanc sur le noir ou inversement. Non, tout est en subtilité. Ainsi, il nuance des couleurs tout en délicatesse.
Règle 3 : La distance modifie la perception
La perception que nous avons des choses est dépendante de nombreux facteurs. La distance est l’un d’eux. Cet objet, ce bateau, ce paysage est différent selon que nous le regardions de très près ou de très loin. Les contours, les couleurs sont modifiés.
Règle 4 : Les contours n’existent pas (sfumato)
Entrons dans le vif du sujet : pour Léonard de Vinci, les contours n’existent pas. De fait, il n’est pas nécessaire de les spécifier, de les peindre ou de les dessiner. Mieux vaut les laisser flotter dans une sorte de volupté, de fumée pour donner un aspect mystérieux à la peinture.
Règle 5 : Tout n’est qu’ombres et lumières
Par de nombreux croquis, l’artiste a illustré la théorie de l’ombre et la lumière. Grâce à eux, nous pouvons observer les contours et les volumes de tout ce qui nous entoure.
Règle 6 : La peinture est une science
Difficile de faire plus artiste et scientifique à la fois que de Vinci. Il est tout aussi irréprochable dans la créativité que dans la science. Son cerveau semble ne pas avoir de limites. Pour résoudre les problèmes rencontrés lorsqu’il peint, il étudie donc le sujet en profondeur, grâce au recours de nombreux domaines scientifiques :
- optique ;
- météorologie ;
- astronomie ;
- anatomie et biologie…
Règle 7 : Ressentir les choses
La science ne fait pas tout, fort heureusement pour ceux qui n’ont pas l’esprit très scientifique ! Pour peindre (et nous pourrions appliquer cela à bien des domaines), il nous faut ressentir les choses. Savoir que votre modèle tient assise grâce à la gravité et à d’autres principes fort complexes, ne vous sera peut-être pas très utile pour le peindre ! Il y a fort à parier que vos sentiments, vos ressentis feront également une partie du travail.
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L’histoire du sfumato
Le sfumato aurait vu le jour au début du XVe siècle et serait arrivé en Italie vers 1470. De Vinci s’en empare et le met particulièrement en valeur par sa maîtrise exceptionnelle de la technique. Le sfumato fait partie des 4 techniques picturales généralement employées à la Renaissance :
- le cangiante ;
- le chiaroscuro ;
- l’unione ;
- le sfumato.
En retrouve cette technique dans :
- Sainte-Anne, la Vierge et l’Enfant ou La Joconde de de Vinci ;
- La Laitière ou Une femme jouant de la guitare de Johannes Vermeer…
Une femme jouant de la guitare de Johannes Vermeer
Comment obtenir un magnifique sfumato ?
Alors là, oubliez un peu tout ce que vous venez de lire ! Drôle de conseil ! Je veux simplement vous dire de ne pas réfléchir en ayant Léonard de Vinci en tête. N’oublions pas que cet artiste polyvalent était un véritable génie. Donc, inutile de vous comparer à lui ou de vouloir peindre votre propre Joconde, célébrissime dans le monde entier et sous bonne garde au musée du Louvre.
Retirez-vous de toute pression ! Peignez avec le cœur et avec plaisir, c’est ici le plus important. Cependant, essayez, tentez, peignez, recommencez. C’est en forgeant que l’on devient forgeron, alors ne vous arrêtez pas si le premier essai n’est pas le bon.
La patience pour réussir un sfumato
Eh oui, encore elle ! J’en parle souvent il est vrai, mais elle reste indispensable pour les peintres que nous sommes… et pour le sfumato d’autant plus ! Pour revenir à La Joconde, elle a été peinte en 3 ans et a nécessité plus de 30 couches de peinture. Certaines de ces couches faisaient un dixième de millimètre !
Les autres peintres de l’époque ne pouvaient pas se permettre de passer autant de temps sur leurs tableaux, ils devaient gagner leur vie et pouvoir vendre. Aussi, ils peignaient moins de couches, mais plus épaisses.
Pour réaliser votre sfumato, vous devrez donc vous armer de patience en disposant plusieurs couches de peinture extrêmement fines, les plus fines que vous le pouvez. Tout le secret du sfumato réside sur ce point : empiler des couches de glacis fines et transparentes.
Oubliez les contours
C’est le second secret du sfumato : ne pas peindre les contours. Je ne parle pas uniquement des contours du ou des sujet(s), mais bien de l’ensemble de la toile. Pour un portrait par exemple, vous ne devez pas peindre avec précision les contours du visage, mais pas non plus les différentes parties du visage. Le sfumato doit être appliqué à la bouche, aux yeux, au nez, aux oreilles… Utilisé sur toute de la toile, il donne une cohésion à l’ensemble.
Pour ce qui est des paysages, le sfumato permet de les faire paraître plus éloignés, en arrière-plan. Cette impression est entièrement due à la sensation de fumée, d’évanescence de la technique.
Comment faire pour gommer les contours ? Une fois la peinture posée, mais encore fraîche, passez une petite brosse sur les contours de vos formes. Ainsi, les teintes se mélangent légèrement et les contours francs n’apparaissent plus. Les teintes voisines s’interpénètrent créant alors ce flou, cette fumée.
Jouez sur les clairs-obscurs
Vous l’avez vu dans les 7 règles d’or, jouez avec des nuances douces, les contrastes subtils, donc des clairs-obscurs. Évitez les blancs et les noirs purs, ils sont trop violents pour la technique qu’est le sfumato.
Délaissé petit à petit par les artistes, le sfumato demandait pour eux trop de temps et trop de technique. Seul Pierre-Paul Prud’hon le remet brièvement à l’honneur au XIXe siècle. Si vous souhaitez tester cette technique vous aussi, j’espère que cet article vous y aidera.
N’hésitez pas à me laisser vos commentaires, surtout si vous l’avez tenté.
À vos pinceaux !
René