Représenter le thème biblique en peinture : les codes récurrents

Les toiles ayant pour thème l’Écriture sainte sont légion dans l’art. Il faut dire que la peinture religieuse a été largement présente durant des siècles et nombreux sont les artistes qui se sont essayés à cette pratique. Si chaque artiste a son style, sa patte, sa façon de peindre, certains codes récurrents sont retrouvés dans la thématique biblique.

 

Les thèmes bibliques dans la peinture


Dès le début du christianisme, de nombreux artistes ont mis en scène l’histoire de la Bible et les sujets saints. Initialement, les toiles et autres représentations ne sont pas montrées en public. Pourquoi ? Tout simplement, car la représentation en image du tout-puissant est interdite dans l’Ancien Testament. C’est un interdit biblique du second commandement du Décalogue :
 

« Tu ne te feras pas d’image... » Ex 20, 1-4

Elle est une sorte de blasphème puisque cette interdiction est clairement explicitée dans les textes saints. 

Pourtant, nombre de peintres et autres artistes s’en inspirent dans leur art. C’est un thème prestigieux et pratiquement tous souhaitent s’y essayer. En effet, la population étant largement illettrée, l’image reste le meilleur moyen de faire passer des messages et d’enseigner la religion. La thématique biblique permet également aux peintres de faire partie de l’élite (par exemple auprès des rois). 

Cependant, dès la Révolution française, un sentiment anticlérical domine et ce thème tombe quelque peu en désuétude au profit de représentations laïques. Au XIXe siècle, la peinture religieuse retrouve ses lettres de noblesse.

Couronnement d'épines - Bosch

 

Les grands artistes dans l’art biblique

 

Établir une liste exhaustive est tout simplement impossible tant les peintures religieuses sont nombreuses ! Voici cependant quelques grands noms de la thématique religieuse

  • Pieter Brueghel l’ancien (1525-1569) : La Prédication de Saint-Jean-Baptiste en 1566, Le Portement de Croix en 1564, Le Christ et la Femme adultère en 1565 et surtout, son tableau le plus célèbre La tour de Babel en 1563 ;

  • Titien : L'Assomption de la Vierge en 1516, La Vierge à l'enfant avec saint Jean-Baptiste, Caïn et Abel ;

  • Bosch : il est particulièrement célèbre pour ses triptyques. Le Jardin des délices est sans doute son œuvre la plus connue, c’est une huile sur bois, en triptyque donc. Il a également peint Ecce Homo, Jugment dernier, triptyque des ermites, la Tentation de Saint-Antoine, Saint-Christophe, Le Couronnement d’épines… Ce peintre a été particulièrement prolifique dans cet art biblique ;  

  • Michel-Ange : cet artiste de la Renaissance avait plusieurs cordes à son arc. En effet, il était peintre, sculpteur, poète et architecte. On ne présente plus son chef-d'œuvre David, une sculpture en marbre de plus de 5 mètres. Toutefois, sa fresque La création d’Adam n’est pas une inconnue non plus, loin s’en faut. Idem pour sa fresque dans la chapelle Sixtine, intitulée Le Jugement dernier ;

  • Chagall appréciait dépeindre Moïse et le thème de l’Exode. Il peint par exemple La Crucifixion en jaune en 1942,  L’Exode ou La Crucifixion en 1940.

La Prédication de Saint Jean-Baptiste - Brueghel l'Ancien

 

Les codes récurrents de la peinture biblique

 

Les codes que je vous livre ici vous permettront de peindre vous aussi des toiles sur l’histoire sainte. Ces quelques astuces rendront votre toile plus vraie que nature !
 

Les codes couleurs

Les couleurs sont importantes dans la représentation biblique. Elles ne sont pas choisies au hasard comme on pourrait le croire. Chaque teinte à une symbolique qu’il est bon de respecter.

 

  • le jaune représente la maladie, le Démon, mais également la trahison. C’est pourquoi Judas est généralement vêtu de toges de cette couleur sur les toiles ;
  • le blanc, évoquant la pureté, la vie éternelle enveloppe souvent le Christ ressuscité. Pour signifier sa résurrection, il peut également être vêtu de rouge, symbole du sang qui a coulé ;
  • le vert rappelle l’espérance ;
  • le bleu, parfois confondu avec le noir, est la couleur qui représente Marie. Ici, la symbolique n’est pas religieuse étonnamment. Apparu tardivement, le bleu était une couleur noble et riche, constituée de pigments de lapis-lazuli plus onéreux que l’or. C’est pourquoi il était réservé à peindre les manteaux de la Vierge Marie.

 

L’Annonciation et son bestiaire

Lors du baptême du Christ, il est écrit : 

 « Le ciel s’ouvrit, et l’Esprit saint descendit sur lui sous une forme corporelle, telle une colombe ».

De fait, sur les toiles retraçant l’Annonciation, les peintres ajoutent très souvent une colombe. Toutefois, avant cette précision biblique, l’Esprit saint n’était pas clairement identifié. Aussi, différents peintres ont choisi un animal autre que la colombe dans leurs œuvres. Citons par exemple :

  • le chat de Lorenzo Lotto ;
  • l’escargot de Francesco del Cossa ;
  • l’hirondelle de Fra Angelico ;
  • l’écureuil de Cosmè Tura.

L'Annonciation par Lorenzo Lotto - Le chat, la représentation satanique
 

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Des apôtres reconnaissables

Dans l’histoire de l’art, les grands peintres ont généralement représenté les apôtres accompagnés de l’instrument qui a servi à leur torture. Certes, ce n’est pas très réjouissant, mais cela permet de les reconnaître presque à chaque fois. Si vous souhaitez peindre un apôtre, intéressez-vous à ce qu’il représente, à la façon dont il est mort et vous pouvez ainsi lui attribuer un signe, un accessoire ou un outil distinctif. 
 

L’Immaculée Conception

La Vierge Marie, qui n’a pas été souillée du péché originel, doit être représentée de façon codifiée lorsqu’elle porte l’Enfant Jésus. Elle doit en effet être accompagnée d’angelots, flotter dans le ciel et se tenir sur un croissant de lune, enveloppée dans un manteau bleu.

Francesco de Rosa a parfaitement respecté ces codes dans son huile sur toile L'Immaculée Conception. Tous les codes sont présents. 

Idem pour la peinture de Rubens, d’Esteban Murillo ou les nombreuses fresques présentes dans des églises et des monastères du monde entier. 

Sans connaître ces codes, on pourrait penser que les peintres se sont plus ou moins inspirés, voire copiés les uns les autres. Mais il n’en est rien, ils ne font que suivre à la lettre, des représentations parfaitement codifiées. 
 

La main de Dieu

Vous l’avez vu, il était initialement précisé dans les Écritures saintes que la représentation de Dieu était interdite. Aussi, certains ont détourné cette interdiction en représentant uniquement sa main sur des toiles. Mais alors, comment savoir que c’est la main de Dieu ? Outre le fait que seule cette partie du corps soit visible, elle est généralement accompagnée de beaucoup de lumière, qui représente en fait la lumière divine, venue des Cieux. On la retrouve par exemple dans l’église San Climent en Espagne, la Main de Dieu créateur est représentée sans le reste du corps, au XIIe siècle. De même La Main de Dieu, présente dans la synagogue de Doura Europos en Syrie, au IIIe siècle. 

Plus tard, Dieu sera peint sur différents supports. Par exemple dans La Création d’Adam, de Michel-Ange, dont je vous ai parlé précédemment. Ici, le tout-puissant tend le doigt vers celui d’Adam afin de lui insuffler le souffle de vie. 

 


Outre les nombreux sujets traités, les différents peintres et les interprétations propres à chacun de la Bible, il est bon de noter que les illustrations évoluent également en fonction des époques. En effet, selon les pressions cléricales, les interdictions, les périodes plus libres et celles ne pouvant se débarrasser de carcans pesants, la représentation de l’histoire biblique peut être bien différente, même si certains codes semblent pourtant respectés. 

Si vous aussi vous souhaitez tenter la peinture sainte, à vous de juger utile ou non de respecter ces codes. Je peux toutefois ajouter qu’ils peuvent largement participer à la “véracité” de la toile. 

À vos pinceaux !
 

René Milone

René