Comment peindre à l'éponge ?

Avez-vous déjà pensé à peindre avec autre chose que vos pinceaux ? Cette question incongrue, je me la suis déjà posée quelques fois. Et pourquoi pas ? Vous avez déjà pu voir un article sur la peinture avec les doigts. Ici, nous parlerons de la peinture à l’éponge. Là encore, elle n’est pas réservée aux enfants ou aux centres aérées d’été. 

La peinture  à l'éponge a été utilisée par des peintres de renom. Yves Klein en est le parfait exemple. L’inventeur du célébrissime bleu Klein peignait à l’éponge avant de s’essayer à la peinture au rouleau. Mais nous verrons cela un peu plus loin, je laisse le suspense à son comble...

Je vais vous expliquer tout au long de ce nouvel article pourquoi et comment peindre un tableau à l’éponge.

J’espère que vous tenterez l’aventure et que vous testerez cette technique peu banale.
 

 

Les artistes et la peinture à l’éponge

 

Je vous l’ai dit en introduction, quelques artistes ont aimé peindre à l’éponge.
 

Yves Klein

Yves Klein est né le 28 avril 1928 à Nice. Il meurt prématuré à Paris le 6 juin 1962 des suites d’un infarctus. Sa courte carrière lui a tout de même permis de laisser une trace de son travail : le IKB (International Klein Blue).

Principalement connu pour ses monochromes peints au rouleau, cet artiste atypique a débuté avec la peinture à l’éponge.

Il explique être séduit par la faculté de l’éponge de s’imprégner de quoi que ce soit de fluide. C’est au travers de ce médium particulier qu’il prend conscience de la beauté du bleu, quête d’infini. C’est ainsi qu’est né le bleu Klein !

Il crée ensuite des reliefs-éponges. Lors de la construction en 1957 du théâtre de Gelsenkirchen, en Allemagne, il réalise une œuvre monumentale, jamais vue à l’époque. Il y crée des reliefs-éponge empreints de son bleu si majestueux et l’inauguration du théâtre en 1959 est un véritable succès. Le public est sous le charme de ses reliefs.

« Grâce aux éponges, matière sauvage vivante, j'allais pouvoir faire les portraits des lecteurs de mes monochromes qui, après avoir vu, après avoir voyagé dans le bleu de mes tableaux, en reviennent totalement imprégnés en sensibilité comme des éponges ».

 

Claude Viallat

Encore un artiste pour le moins atypique, pour ne pas dire “complètement barré”. Ce peintre plasticien ne s’encombre pas de conventions et peint ce qu’il veut, quand il le veut et avec ce qu’il veut.

Il est l’un des fondateurs du groupe Supports/Surfaces, créé en 1969. Difficile de décrire ses toiles, qui ont comme point commun une forme géométrique récurrente, croisement entre un osselet et un haricot. Ce motif revient sans cesse dans ses œuvres. Ces dernières sont peintes sur toutes les formes de support possibles : des draps, des capes de torero (sujet de prédiction), des tentes militaires, des vêtements…

Ils testaient ses toiles de toutes les façons possibles : il y jetait de l’eau de javel, les laissaient sous la pluie…

Il peignait aussi avec toutes sortes d’accessoires, les éponges en faisait partie. Elles étaient utilisées comme tampons.
 

Tout savoir sur les éponges
 

Comme pour tous les autres accessoires de peinture, il existe différentes sortes d’éponges.
 

Les éponges naturelles

Elles sont composées de pores fins et sont particulièrement utiles pour les peintures à l’aquarelle , car elles sont absorbantes et délicates. Elles permettent de créer des reliefs.

Leur effet foisonnant est parfait pour réaliser des feuillages d’arbres ou d’arbustes par exemple.

Conseils d’utilisation : Avant la première utilisation, faites-la tremper dans l’eau, puis essorez-la.

Dès que vous avez terminé de l’utiliser, nettoyez-la immédiatement puis laissez-la sécher.

Entre deux séances de peinture, vous pouvez la glisser dans un sac plastique afin qu’elle ne sèche pas.

Ils en existent de tailles différentes et vous pouvez tout à fait les découper.

Son prix varie de 2 à 10 euros, selon sa taille.
 


 

Les éponges naturelles en soie

Contrairement aux précédentes qui sont jaunes, les éponges en soie naturelles, sont plus foncées, plutôt brunes. Elles proviennent, le plus souvent, de la mer Égée. Les éponges naturelles en soie sont celles qui présentent les pores les plus fins et la meilleure capacité d’absorption. Comme les éponges naturelles, elles sont très appréciées des aquarellistes.

Elles sont légèrement plus chères que ces dernières et leurs conseils d'utilisation sont les mêmes.


Les éponges d’art haute densité

Ces éponges portent également le nom d’éponges Sofft de Pan Pastel.

Elles sont très compactes, similaires à des éponges à maquillage. Les éponges d’art haute densité sont semi-absorbantes et sont idéales pour déposer la bonne quantité de matière. Elles offrent un résultat lisse et uniforme, contrairement aux éponges naturelles. Leur utilisation est polyvalente.

Elles ont la particularité de pouvoir se fixer sur des embouts pour une utilisation plus simple. Ces éponges sont disponibles en différentes tailles et différentes formes, selon l’épaisseur de trait recherchée. Vous en trouverez des rondes, des carrées, des rectangulaires ou encore des triangulaires. 

Conseils d’utilisation : nettoyage à l’eau chaude savonneuse.

Là encore, leur prix varie. Comptez de 6 à 15 euros environ
 

Les éponges oreilles d’éléphant

Leur forme est tout à fait caractéristiques de leur nom, elles ressemblent tout simplement à des oreilles d’éléphants. Triangulaires et plates. Elles sont surtout utilisées pour la décoration.
 

Les éponges zimocca

Ces éponges sont utilisées en gravure particulièrement.
 

Les éponges en viscose

Ses pores sont fins et sa manipulation est plutôt simple. Ce ne sont pas les éponges les plus adaptées à la peinture d’art.
 

Les éponges synthétiques

Elles sont très courantes. La taille de ses pores est très variée. Elle est idéale pour la peinture et pas chère. 
Vous pouvez facilement la découper afin d’obtenir de petits morceaux d’éponges parfaits pour réaliser des feuillages foisonnants ou des nuages par exemple.

Leurs prix sont dérisoires, quelques euros seulement.
 

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Peindre à l’éponge

 

Vous l’avez vu, les éponges sont particulièrement utiles pour créer des reliefs, des effets de foisonnement, de texture, comme pour des feuillages d’arbres ou d’arbustes par exemple. Elles sont également parfaites pour créer des nuages grâce à leur effet cotonneux.

Vous pouvez faire usage des éponges avec toutes les peintures (huile, acrylique, gouache et encre), mais l’aquarelle se plie particulièrement bien à cette technique.

Pour la réalisation des techniques à suivre, je vous conseille d’utiliser des éponges naturelles, car ce sont elles qui offrent le meilleur rendu.

Vous pouvez travailler avec une éponge sèche ou humide. Si les effets sont différents, sachez que l'éponge humide permet une meilleure maîtrise de votre travail.


Créer un feuillage d’arbres

Le matériel :

  • une toile ou un bloc papier grain torchon,
  • une éponge naturelle (ou plus précisément un petit morceau d’éponge de quelques centimètres), 
  • un pinceau (pour créer le tronc de l’arbre) et des peintures (à adapter selon le feuillage voulu).

Les étapes :

  • humidifiez votre éponge, puis chargez-la en couleur,
  • appliquez l’éponge par légères pressions sur le support, en commençant par le côté lumineux de l’arbre. Inutile de tracer une esquisse au préalable,
  • chargez votre éponge avec une autre couleur (inutile de la rincer) et refaire quelques pressions sur la toile ou le papier. Appliquez les nouvelles couleurs au contact des précédentes, afin de les faire fusionner,
  • peignez ensuite le tronc de l’arbre délicatement avec un pinceau (vous pouvez faire cette étape avant si vous préférez).

Vous pouvez ensuite créer un jeu d’ombres au sol et recréez ce même feuillage, toujours à l’aide d’une éponge.

Cette technique sera parfaite également pour créer des bosquets, des fourrages. Les couleurs sont bien sûr à choisir en fonction de l’arbre que vous souhaitez peindre et de la saison. 

Créer un ciel et des nuages

Le matériel :

  • une éponge naturelle + ou - un pinceau un peu large, 
  • un couteau pour mélanger les peintures,
  • des peintures : bleu, blanc (ou autres) et une toile.

Les étapes :

  • sur une palette, déposez 1 noisette de chaque couleur,
  • mélangez le blanc et le bleu au couteau, délicatement, 
  • avec ce mélange, peignez le ciel, soit à l’éponge également, soit à l’aide du pinceau,
  • une fois ce fond sec, chargez votre morceau d'éponge de couleur blanche, 
  • tapotez délicatement votre éponge afin de recréer des formes de nuages, vaporeux et tout en dégradés de blanc.

Vous pouvez ensuite créer un jeu d’ombres au sol et recréez ce même feuillage, toujours à l’aide d’une éponge.

Cette technique sera parfaite également pour créer des bosquets, des fourrages. Les couleurs sont bien sûr à choisir en fonction de l’arbre que vous souhaitez peindre et de la saison. 

 

 

Vous savez tout sur la peinture à l’éponge. Si vous n’avez pas l’habitude d’utiliser ce support, n'hésitez pas à faire et refaire des essais. C’est ainsi que vous parviendrez à trouver la bonne quantité de peinture à utiliser, à définir comment bien humidifier l’éponge, maîtriser la différence de texture avec une éponge humide ou sèche…


Comme souvent dans cet art merveilleux, c’est la pratique qui vous apportera les clés nécessaires à une bonne maîtrise du geste. 

Et surtout, ne jetez pas l’éponge !

A très vite,

Bye bye !

 

René Milone

René