Peindre les animaux à la manière de Rosa Bonheur

Ça vous dirait de peindre votre animal de compagnie ou un animal que vous pouvez observer autour de chez vous ? Et si, en plus, vous vous inspiriez de Rosa Bonheur ? Cette artiste du XIXe siècle, spécialiste de la peinture animalière, a su donner vie à ses toiles et représenter les animaux avec une grande dignité et un réalisme bluffant. Son sens aigu de l’observation peut nous apprendre énormément.

Alors, prêts à sortir vos crayons ?

Une artiste peintre libre

Rosa Bonheur n’était pas seulement une grande peintre, elle était aussi une pionnière. Née en 1822 à Bordeaux et décédée en 1899, elle vécut à une époque où les Beaux-Arts étaient interdits aux femmes (oui, vous avez bien lu !). Et pourtant, elle a su s’imposer par son talent et sa détermination. Elle a même dû demander une autorisation spéciale au préfet pour porter des vêtements masculins : bien plus pratiques pour aller croquer des chevaux dans les champs ou observer des vaches dans les foires.

Féministe avant l’heure, elle affirmait : « pour l’art, il n’y a pas de sexe ». Et elle a marqué l’histoire en devenant la première femme à recevoir la Légion d’honneur en 1865.

Elle a vécu entourée d’animaux, qu’elle observait avec une grande passion et par ses œuvres, elle a rendu un bel hommage à la vie rurale.

Son style, très réaliste, se distinguait des autres peintres animaliers qui avaient tendance à idéaliser leurs sujets.

Rosa Bonheur photographiée par André Adolphe-Eugène Disdéri

Observer et croquer avant de peindre

Si je devais vous donner un premier conseil pour peindre à la manière de Rosa Bonheur, ce serait celui-ci : observez, observez et observez encore ! Elle passait des heures à regarder les animaux pour comprendre leur morphologie, leurs attitudes et même leurs émotions. Elle a réalisé une très grande quantité de croquis de chevaux, chiens, moutons, vaches, etc.

>> Exercice simple pour vous : prenez un carnet et dessinez rapidement votre chien qui dort, le chat du voisin qui s’étire, ou même une vache que vous croisez lors d’une balade. Ne cherchez pas la perfection. Dessinez des formes rapides, des silhouettes. Le but est de capturer un mouvement naturel.

Rosa Bonheur allait jusqu’à assister à des dissections pour mieux comprendre l’anatomie des muscles, des os, des tendons (rassurez-vous, je ne vous y encourage pas !). Mais vous pouvez déjà beaucoup progresser en observant attentivement et en réalisant des croquis dès que vous en avez l’occasion.

Jeune taureau sautant la barrière, 1849 - Rosa Bonheur

Mettre l’animal au centre de son tableau

Dans les tableaux de Rosa Bonheur, les animaux sont les véritables stars. Elle leur donne une place centrale, les peint avec un profond respect et utilise pour cela de grands formats. Et les humains passent souvent au second plan. C’est aussi une caractéristique de son œuvre qui la distingue de ses contemporains.

Pour vos propres tableaux, essayez de faire la même chose : placez votre animal au milieu de la feuille, comme s’il posait pour un portrait officiel. Vous verrez qu’il prend tout de suite de la grandeur et de la dignité.

>> Petit conseil : concentrez-vous sur les yeux. Rosa Bonheur savait leur donner une intensité incroyable. Chez un chien ou un chat, les yeux révèlent beaucoup de personnalité. Même avec un simple crayon, prenez le temps de travailler ce détail. Je vous mentirai en vous disant que c’est facile, mais avec beaucoup de patience et d’entrainement, ça fera une grande différence.

Le Roi de la forêt, 1878 - Rosa Bonheur

L’importance des croquis de Rosa Bonheur

Un autre secret de Rosa Bonheur réside dans son travail préparatoire très rigoureux.

On peut voir sur ses croquis qu’elle traçait des contours précis et apportait beaucoup de soin aux valeurs, ajoutant des ombres et des lumières pour donner du volume.

>> Pour vous entraîner, essayez d’abord en noir et blanc : au crayon, au fusain ou à l’encre. Choisissez une photo de votre animal préféré, dessinez les contours, puis ombrez légèrement pour faire ressortir les volumes (la tête, les pattes, le dos). Cela vous apprendra à donner du relief sans vous perdre dans les détails.

Quand vous serez plus à l’aise, vous pourrez expérimenter la couleur en travaillant l’aquarelle pour la légèreté ou l’huile pour des glacis et des effets de textures. Pensez à varier vos coups de pinceau pour suggérer un pelage ou des crins : des gestes courts pour un chien, des traits plus longs et fluides pour un cheval.

Étude de lionne - Rosa Bonheur

Quelques œuvres à découvrir

Pour comprendre toute la force du travail de Rosa Bonheur, je vous conseille d’abord de jeter un œil à Le Marché aux chevaux. C’est sans doute son tableau le plus célèbre : on y sent à la fois l’énergie brute des animaux et la précision incroyable de son regard.

Vous pouvez aussi découvrir Labourage à Nivernais, une scène rurale où les bœufs deviennent les véritables héros de la composition, ou encore sa touchante Étude de chien de berger, pleine de douceur et de réalisme.

Et ce n’est qu’un aperçu : chiens, moutons, chevaux, vaches… Rosa Bonheur a peint un véritable bestiaire. De quoi vous inspirer pour choisir à votre tour l’animal qui vous donnera envie de sortir vos pinceaux.

Étude de chien de berger - Rosa Bonheur

Progresser grâce à Rosa Bonheur

Peindre les animaux à la manière de Rosa Bonheur, ce n’est pas seulement chercher le réalisme : c’est surtout apprendre à regarder avec attention et à respecter votre sujet. Même si votre chat ne ressemble pas tout de suite à un chef-d’œuvre du XIXe siècle, vous aurez progressé dans votre observation et dans votre technique. Et c’est exactement ce que Rosa Bonheur nous inspire encore aujourd’hui.

Et vous, quel animal aimeriez-vous peindre en premier ? Dites-le-moi en commentaire, je suis curieux de découvrir vos futurs modèles à moustaches, plumes ou sabots !

À la semaine prochaine !